BRETON André
""L'An Suave"" : poème autographe de jeunesse dédié à Marie Laurencin : « Ai-je omis la Nymphe miraculeuse, / Icare au buissons neigeux [...] »
circa 1917-1918, 22,3x27,6, une feuille sous chemise et étui. Remarquable poème de jeunesse autographe d'André Breton dédié à Marie Laurencin, intitulé ""L'an Suave"", 15 vers à l'encre noire sur papier vergé, composé en avril 1914. Notre manuscrit fut rédigé entre mars 1917 et le début de l'année 1918. Notre poème est présenté sous chemise et étui aux plats de papier à motifs abstraits, dos de la chemise de maroquin vert olive, gardes et contreplats de daim crème, feuille de plexiglas souple protégeant le poème, étui bordé de maroquin vert olive, étiquette de papier olive portant la mention ""poème autographe"" appliquée en pied du premier plat de l'étui, ensemble signé de Thomas Boichot. Poème essentiel de la période pré-dadaïste de l'auteur, il fait partie d'un ensemble cohérent de sept poèmes manuscrits de Breton (désigné sous le nom de coll.X. dans les Œuvres complètes d'André Breton, tome I de La Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, 1988, p. 1071). Ces poèmes, de sa graphie de jeunesse, sont soigneusement calligraphiés à l'encre noire sur papier vergé filigrané. Cet ensemble a été adressé à son cercle d'amis et d'écrivains, où figurent notamment Valéry, Apollinaire, Théodore Fraenkel, et son frère d'armes André Paris. Il fut par la suite publié dans son premier recueil, Mont de piété, qui parut en juin 1919 à la maison d'édition Au sans Pareil, nouvellement fondée par son ami René Hilsum. La datation précise de cet ensemble de poèmes autographes est déterminée par l'écriture du dernier poème de la collection (« André Derain »), composé le 24 mars 1917, qui offre un terminus post quem absolu. En outre, une version plus ancienne du poème « Age », dédié à Léon-Paul Fargue, figure dans notre collection sous son nom originel « Poème ». Daté par l'auteur du 19 février 1916 - le jour de ses vingt ans - et créé 10 jours plus tôt selon sa correspondance, il ne fut rebaptisé et remanié que pour sa publication en juillet 1918 dans Les Trois Roses. Selon toute vraisemblance antérieurs à la parution de ce dernier poème, les sept poèmes autographes furent probablement rédigés courant 1917 ou au début de l'année 1918, alors que Breton poursuit son internat au Val-de-Grâce et fait la rencontre décisive de Louis Aragon. Les poèmes qui constitueront Mont de piété représentent un rare et précieux témoignage de ses influences de jeunesse, à l'aube de son adhésion au mouvement Dada et sa découverte de l'écriture automatique. Assez brefs et parfois sibyllins, on y sent poindre des accents symbolistes empruntés à Mallarmé, qu'il redécouvre lors de matinées poétiques au théâtre Antoine, au Vieux-Colombier, en compagnie de son camarade de lycée Théodore Fraenkel. Durant le premier mois de la guerre, Breton se consacre également à Rimbaud, et se plonge dans Les Illuminations, seul ouvrage emporté dans la confusion et la hâte qui suivit la déclaration de guerre. De ses lectures rimbaldiennes naquirent les poèmes « Décembre », « Age », et « André Derain », tandis qu'il emprunte à Apollinaire sa muse Marie Laurencin à qui il dédie « L'an suave ». Par ailleurs, l'héritage poétique de l'auteur sera particulièrement marqué par la figure de Paul Valéry, avec qui il entre en correspondance dès 1914. Valéry joue dans l'écriture des poèmes de Mont de Piété un rôle considérable par l'attention et les conseils qu'il prodigue au jeune poète. Admiratif de l'audace de son disciple, qui lui adressa chacun de ses poèmes, il apprécie le poème « Facon » (1916) en ces termes : « Thème, langage, visée, métrique, tout est neuf, mode future, façon » (Lettre de juin 1916, Œuvres complètes d'André Breton, tome I de La Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, 1988, p. 1072). Ces fleurons incontournables de la jeunesse de Breton furent composés entre sa dix-septième et vingt-troisième année. Surpris à Lorient par la déclaration de guerre, il devient infirmier militaire, puis officie dans plusieurs hôpitaux et sur le front pendant l'offensive de la Meuse. Il fait à Nantes la connaissance de Jacques Vaché, qui lui inspire un projet d'écriture collective, ainsi que l'illustration du futur recueil Mont de Piété, finalement réalisée par André Derain. La fréquentation de ce « dandy révolté contre l'art et la guerre », qui partage son admiration pour Jarry, et le contact des aliénés du centre neuro-psychiatrique de Saint-Dizier marquent une étape décisive dans la genèse du surréalisme. Affecté au Val-de-Grâce à partir de 1917, Breton trouve à Paris l'effervescence littéraire nécessaire à sa quête poétique et récite Rimbaud en compagnie d'Aragon. C'est par l'entremise d'Apollinaire qu'il se lie d'amitié avec Soupault, futur co-auteur des Champs magnétiques, et Reverdy, fondateur de la revue Nord-Sud, qui publiera des poèmes de Mont de piété. Les sept poèmes de la collection seront par la suite publiés dans des revues littéraires d'avant-garde (Les Trois Roses, Solstices, Nord-Sud) entre 1917 et le début de l'année 1919. Quatre des sept poèmes furent dédiés aux maîtres et amis de l'auteur : Léon-Paul Fargue, et surtout Apollinaire, à qui Breton avait consacré une étude dans l'Eventail. L'auteur rend également hommage à Marie Laurencin et André Derain, créateurs ""d'oeuvres plastiques encore toutes neuves, en butte à un décri et une intolérance presque unanimes"", chères à Breton tout au long de sa vie (XXe siècle, n°3, juin 1952). Il multiplie avec ces dédicaces les allusions croisées, dédiant à l'un un poème inspiré par l'autre, à l'exemple du poème ""Age"", dédié à Léon-Paul Fargue, qui fait écho à Rimbaud et son poème « Aube » (Les Illuminations, 1895). Ce poème est dédié à ""Madame Marie Laurencin"", que Breton ne connaissait alors que par son art et sa relation avec Apollinaire. Valéry lui réserve un accueil chaleureux : ""Ce sonnet, [...] est un délicieux artifice : il est un choix charmant de ses mots"". L'oeuvre fut publiée pour la première fois après la rédaction de notre manuscrit dans la revue Nord-Sud, n°6-7, en août 1917 et rééditée en 1922 dans un numéro de L'Eventail en hommage à l'artiste. Composé durant le premier mois de la guerre en août 1914, il figure parmi les poèmes les plus anciens du recueil Mont de piété. On devine sans peine l'influence de Mallarmé dans les allusions mythologiques qui inondent la troisième strophe : « Ai-je omis la Nymphe miraculeuse, Icare aux buissons neigeux, tu sais, parmi Les douces flèches - l'an suave quel ami ! - Et criblé de chansons, par Echo, le silence » A l'instar des autres pièces mallarméennes de l'époque (""Hymne"", ""Rieuse"" ""D'or vert""), Breton prend le parti d'une expression précieuse et marquée par des visions récurrentes, teintées de blanc avec la ""lune"", les ""buissons neigeux"", le ""souhait de plume"" et le ""toquet blanc"". Breton consacra par ailleurs le premier de ses trois essais critiques à Marie Laurencin - avant ceux de Jarry et d'Apollinaire, ainsi qu'un étonnant poème à son chien, ""Coquito"". Rarissime manuscrit de la jeunesse symboliste du jeune Breton dédié à Marie Laurencin, ""Nymphe miraculeuse"" d'Apollinaire et muse imaginaire de Breton le temps d'un poème. - circa 1917-1918, 22,3x27,6, une feuille sous chemise et étui. [ENGLISH TRANSLATION FOLLOWS] «L'An suave»: autograph youth poem dedicated to Marie Laurencin. «Have I neglected the miraculous Nymph, Icarus in the snowy shrubs...» [ca 1917-1918] | 22.3 x 27.6 cm | single sheet in custom chemise and slipcase A remarkable autograph poem of youth by André Breton dedicated to Marie Laurencin entitled «L'an suave». 15 verses in ink on vergé paper, composed in April 1914. This manuscript was copied between March 1917 and the beginning of 1918. This poem is offered for sale in a chemise and case with paper boards decorated with abstract motifs, the spine of the chemise in green morocco, pastedowns and endpapers of beige suede, a sheet of flexible plexiglass protecting the poem, case edged with green morocco, piece of green paper with caption «poème autographe» to bottom of upper cover of case, the whole by Thomas Boichot. Key poem of the author's pre-Dadaist period, it formed part of the set of 7 manuscript poems by Breton (known as coll. X. in the Œuvres complètes d'André Breton, volume I in La Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, 1988, p. 1071). These poems of his juvenilia are carefully copied out in black ink on watermarked vergé paper. The small collection was addressed to his circle of friends and writers, most notably including Valéry, Apollinaire, Théodore Fraenkel, and his brother in arms André Paris. They were later published in his first collection, Mont de piété, which appeared in June 1919, published by Au Sans Pareil, established not long before by his friend René Hilsum. The precise dating of this set of autograph poems is made possible by the composition of the final poem in the set («André Derain»), written on 24 March 1917, which provides a definitive terminus post quem. An earlier version of the poem «Age», dedicated to Léon-Paul Fargue, appears in our collection under its original name, «Poème». Dated by the author 19 February 1916, the day of his 20th birthday, and composed 10 days previously (according to his letters), it was not retitled and reworked until its publication in July 1918 in Les Trois Roses. Judging by the similarities to things published before this last poem, the seven autograph poems were probably written during 1917 or at the beginning of 1918, while Breton was doing his residency in Val-de-Grâce and where, significantly, he made the acquaintance of Louis Aragon. The poems that make up Mont de piété represent a rare and valuable insight into his youthful influences at the dawn of his joining the Dada movement and his discovery of automatic writing. Quite short and sometimes sibylline, one detects Symbolist highlights borrowed from Mallarmé, whom he rediscovered at poetry mornings in the théâtre Antoine and the Vieux-Colombier accompanied by his schoolfriend Théodore Fraenkel. During the first month of the War, Breton also dedicated himself to Rimbaud, plunging into Les Illuminations, the only work he carried with him in the confusion and haste that followed the outbreak of war. From his readings of Rimbaud were born the poems «Décembre», «Age», and «André Derain», while he borrowed Apollinaire's muse Marie Laurencin to whom he dedicated «L'an suave». The author's poetic inheritance was particularly marked by Paul Valéry, with whom he corresponded from 1914. Valéry played a considerable role in the writing of the poems of Mont de piété with the advice he gave the young poet. Admiring his disciple's audacity, who addressed each of these poems to him, he characterized the poem «Façon» (1916) thus: «The theme, language, scope, meter, everything is new, in the style, the manner of the future» (Letter of June 1916, Œuvres complètes d'André Breton, vol. I in La Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, 1988, p. 1072). These essential buds of Breton's youth were written between his seventeenth and twenty-third year. Taken by surprise in Lorient by the declaration of war, he became a military nurse, serving in several hospitals and on the front during the Meuse offensive. In Nantes, he met Jacques Vaché, who inspired him to undertake a project of collective writing, as well as encouraging him to have illustrated the future collection that was to become Mont de piété, a task eventually undertaken by André Derain. His intimacy with this «dandy revolting against art and war» who shared his admiration for Jarry and his contact with the mental patients of the Saint Dizier neurological and psychiatric centre, marked a decisive stage in the birth of Surrealism. Posted to the Val-de-Grâce from 1917, Breton found in Paris the necessary literary vibrancy for his poetic quest and began reciting Rimbaud in the company of Aragon. It was thanks to Apollinaire that he became friends with Soupault, the future co-author of Champs magnétiques, and Reverdy, founder of the review Nord-Sud, which went on to publish the poems of Mont de piété. The seven poems of the collection were printed in avant-garde reviews (Les Trois Roses, Solstices, Nord-Sud) between 1917 and the beginning of 1919. Four of the seven poems were dedicated to friends and masters of the author: Léon-Paul Fargue, and above all Apollinaire, to whom Breton devoted a paper in L'éventail. Breton also paid homage to Marie Laurencin and André Derain, creators of «plastic works that are still completely new, exposed to an almost unanimous rejection and intolerance» that were dear to Breton throughout his life (XXe siècle, n°3, June 1952). With these dedications, he increased the number of complex allusions, dedicating to one a poem inspired by the other, as in for instance «Age», dedicated to Léon-Paul Fargue, which echoed Rimbaud and his poem «Aube» (Les Illuminations, 1895). This poem is dedicated to «Madame Marie Laurencin», whom Breton only knew at the time through her art and her connection to Apollinaire. Valéry gave it a warm welcome: «This sonnet...is a delicious artifice: it is a charming choice of words».The work was first published after our manuscript was copied, in the review Nord-Sud, n° 6-7, in August 1917 and re-published in 1922 in an issue of L'Éventail dedicated to the artist. Written in the first month of the War in 1914, it is among the oldest poems in Mont de piété. One can easily see the influence of Mallarmé in the mythological allusions with which the third stanza is awash: «Did I forget the miraculous Nymph, Icarus among the snowy bushes, you [know, among The gentle arrows - the suave year, [what a friend! And, riddled with song, through Echo, [silence.» Like other Mallarmé-esque pieces of the time («Hymne», «Rieuse» «D'or vert«), Breton decided on a precious mode of expression and one marked by recurring visions, blanched by the «moon», the «snowy bushes», the «desire of feathers», and the «white hat». Breton devoted the first of his three critical essays to Marie Laurencin - followed by Jarry and Apollinaire, as well as an astounding poem to his dog, «Coquito». An extremely rare youthful Symbolist manuscript by the young Breton, dedicated to Marie Laurencin, Apollinaire's «miraculous Nymph» and Breton's imaginary muse, at least for a poem.
Librairie Le Feu Follet
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