Author: ZOLA Emile Title: Lettre autographe datée et signée, en exil pendant l'Affaire Dreyfus : ""je crois que c'est la fin du monde""
Description: [Weybridge] 19 août 1898, 13,5x20,5cm, quatre pages sur un bifeuillet. | « Dans la lâcheté universelle, vous ne sauriez croire combien je suis ému de sentir quelques fidèles autour de moi » | * Lettre autographe signée d'Emile Zola adressée à Octave Mirbeau, datée de sa main du 19 août 1898. Quatre pages à l'encre noire sur un bifeuillet. Trace de pli horizontal, inhérente à l'envoi. Publiée dans ses Œuvres complètes, t. XLIX, éd. F. Bernouard, 1927, p. 808. Superbe missive d'amitié et d'abnégation d'Emile Zola en exil, après avoir été condamné à la peine maximale pour avoir écrit ""J'accuse !"" Après son historique cri du cœur dans l'Aurore, Zola est condamné une première fois par le jury de la Seine le 23 février 1898 à un an de prison et trois mille francs d'amende. Le jugement est annulé en cassation, et l'affaire est renvoyée devant les assises de Versailles, qui ne retiennent que trois lignes sur les huit cent que comptent ""J'accuse !"" comme chef d'accusation. Pour ne pas accepter un tel étouffement des débats, la défense de Zola décida de faire défaut, et la condamnation fut confirmée. Après sa sortie mouvementée du Palais de Justice, Clémenceau et son avocat Labori lui conseillèrent de quitter le pays avant que le jugement ne pût devenir exécutoire. Il partit le soir même par le dernier train, avec pour seul bagage une chemise roulée à la hâte dans du papier journal. Un mois après son départ, l'écrivain rédige cette superbe réponse à une lettre de son fidèle soutien, Octave Mirbeau, qui lui écrit quelques jours auparavant : « Nous ne pensons qu'à vous ; il n'est pas une minute de notre existence que vous ne la remplissiez tout entière » (14 août 1898). Installé à Weybridge dans la banlieue londonienne, il reçoit avec colère les ""échos de Paris"" et enrage de voir Esterhazy encore blanchi, cette fois par la justice civile. « Mon cher ami, Merci de votre bonne lettre [...] Dans la lâcheté universelle, vous ne sauriez croire combien je suis ému de sentir quelques fidèles autour de moi. Mon existence, ici, est devenue possible; depuis que j'ai pu me remettre au travail. Le travail m'a toujours réconforté, sauvé. Mais mes pauvres mains n'en restent pas moins tremblantes d'un frisson qui ne peut finir. Vous ne sauriez croire la révolte où me jettent les échos de France qui m'arrivent. Le soir, quand le jour tombe, je crois que c'est la fin du monde. Vous pensez que je dois rentrer et me constituer prisonnier, sans retourner à Versailles. Cela serait trop beau, d'avoir ainsi la paix de la prison, et je ne crois pas que cela soit possible. Je ne suis pas parti pour rentrer ainsi, notre attitude ne serait ni logique, ni belle. Je crois plutôt que c'est pour moi l'exil indéfini, à moins de courir l'abominable risque d'un nouveau procès. D'ailleurs nous ne pourrons prendre un parti qu'en octobre. Et d'ici là, qui sait ? bien que je ne compte plus que sur un miracle, auquel je ne crois guère. Soyons donc braves, mon ami, et que notre oeuvre se fasse ! Si je puis continuer à travailler, tout n'ira encore pas trop mal. [...] Je vous embrasse vous-même, mon bon ami, l'ami fidèle et rare des jours mauvais » Poignante confession manuscrite de l'écrivain justicier contraint à l'exil. La mort viendra le frapper en pleine gloire, sans qu'il puisse connaître le dénouement de l'Affaire à laquelle il a consacré de longues années de lutte. - [Weybridge] 19 août 1898, 13,5x20,5cm, quatre pages sur un bifeuillet. [ENGLISH TRANSLATION FOLLOWS] | ""In the midst of universal cowardice, you wouldn't believe how moved I am to feel a few faithful people around me"" | Autograph letter signed by Emile Zola to Octave Mirbeau, dated August 19, 1898. Four pages in black ink on a bifolium written to Octave Mirbeau. Usual trace of horizontal fold. Published in Zola's Œuvres complètes, t. XLIX, ed. F. Bernouard, 1927, p. 808. Exceptional testament of friendship and self-sacrifice from Emile Zola in exile, after being sentenced to the maximum penalty for writing ""J'accuse!"", the most famous article proclaming Captain Dreyfus's innocence. After his historic article in L'Aurore, Zola was sentenced a first time by a jury on February 23, 1898 to one year's imprisonment and a fine of three thousand francs. The verdict was overturned, and the case was referred back to the Versailles court of justice, which upheld only three of the eight hundred lines in ""J'accuse!"" as a charge. Unwilling to accept such a stifling of the proceedings, Zola's defense decided to default, and the conviction was upheld. After his eventful exit from the courthouse, Clémenceau and his lawyer Labori advised him to leave the country before the judgment could become enforceable. Zola left on the last train that evening, with only a shirt hastily rolled up in newspaper as luggage. A month after his departure, the writer writes this superb reply to a letter from his loyal supporter, Octave Mirbeau, who had written to him a few days earlier: ""We think only of you; there isn't a minute of our existence that you don't fill entirely"" (August 14, 1898). Settled in the London suburb of Weybridge, he angrily receives the ""echoes of Paris"" and is enraged to see Esterhazy, the true culprit of the Dreyfus Affair, once again cleared - this time by civil courts. ""My dear friend, Thank you for your kind letter [...] In the midst of universal cowardice, you wouldn't believe how moved I am to feel a few faithful people around me. My existence here has become possible, since I've been able to get back to work. Work has always comforted me, saved me. But my poor hands are still trembling with a shiver that cannot end. You wouldn't believe the outrage I feel at the echoes from France that reach me. In the evening, when daylight falls, I think it's the end of the world. You think I should go back and make myself a prisoner, without returning to Versailles. That would be too good, to have the peace of prison, and I don't think it's possible. I didn't set out to go back like that; our attitude would be neither logical nor beautiful. Rather, I think I'm in indefinite exile, unless I run the abominable risk of a new trial. Besides, we won't be able to make up our minds until October. And by then, who knows? Although I'm counting on a miracle, in which I have little faith. So let us be brave, my friend, and let our work be done! If I can keep working, things won't be too bad yet. [...] I shake your hand, my good friend, the faithful and rare friend of bad days"". Poignant manuscript confession from Zola, forced into exile. Death would strike him in the midst of his glory days, without him ever knowing the outcome of the affair he had devoted so many years of struggle.
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Price: EUR 6800.00 = appr. US$ 7390.56 Seller: Librairie Le Feu Follet
- Book number: 86837
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