Author: VIVIEN Renée Title: Le feu et la glace. Ensemble de deux lettres autographes signées ""Paule"" et ""Pauline"" adressée à Natalie Clifford Barney : ""Lorely - Undine - Viviane - reçois mon coeur entre tes mains étranges - et si douces !""
Description: s.l. [Londres] s.d. [25 juillet 1905], 12,4x16,7cm, 4 pages sur un double feuillet et 2 pages 1/2 sur un double feuillet. Deux lettres autographes signées ""Paule"" et ""Pauline"" adressées à Natalie Clifford Barney et rédigées à l'encre noire sur un double feuillet à en-tête à violette argentée et à l'adresse du 3 rue Jean-Baptiste Dumas. Sur la lettre signée ""Pauline"", l'adresse de l'en-tête est barrée d'un trait de plume. Pliure transversale inhérente à l'envoi. Habile contrepoint amoureux de la virtuose Renée Vivien qui, tour à tour Paule et Pauline, orchestre ses relations sentimentales avant sa fuite vers Lesbos. Après deux ans d'une rupture rocambolesque durant laquelle Natalie Clifford Barney tenta de reconquérir la Muse aux violettes, cette dernière retomba finalement dans ses bras. La première lettre, signée « Paule » est d'une grande sensualité : ""J'ai pensé à toi si profondément et avec tant de douceur, depuis ton départ ! Et je te revois, dans ta robe frémissante d'opales, féérique et prestigieuse... Et le sortilège d'hier a retrouvé sur moi sa puissance éternelle... Il est maintenant trois heures du matin et je ne dors point et je pense à toi, intensément... et je songe avec amertume qu'un soir lorsque tu étais auprès de moi, une stupide fatigue m'a sottement traversée... Tandis que cette nuit où je suis seule, je ne puis dormir."" On découvre au détour d'une phrase que cette missive, écrite à la hâte, est absolument confidentielle : « Ne sois pas surprise, jolie, de recevoir ces jours-ci une lettre glaciale te disant que je vais en Hollande avec mon amie et je ne sais qui encore. Mon amie a exigé que je t'écrive cette lettre, elle est très inquiète, très nerveuse, à ton sujet. Je t'en prie, ne m'en veux pas lorsque tu recevras cette lettre, j'ai dû l'écrire pour tranquilliser et rassurer mon amie. Encore une fois, pardonne-moi ! » L'« amie » en question n'est autre que la baronne Hélène de Zuylen, avec qui Renée entretient une relation stable depuis sa rupture avec l'Amazone en 1901. La « Brioche », comme la surnomme Natalie, qui tente par tous les moyens de préserver Renée des tourments de son cœur, lui demande même d'écrire « une lettre glaciale » à sa rivale. Ce faux courrier, d'un ton très éloigné du premier, semble avoir été écrit directement sous sa dictée : « Après ton départ j'ai beaucoup réfléchi à tout ce qui vient de se passer, et je ne puis que te répéter que ce que je t'ai déjà dit : il m'est impossible de te revoir, sous n'importe quelles conditions. Le trouble nerveux dont je souffre maintenant et dont toi seule est la cause exige la plus grande tranquillité dans l'intérêt de ma santé, et je te prie de t'abstenir, dans le futur, de tout essai de rapprochement, qui, je te le préviens d'avance, sera absolument inutile. Tu verras, par cette lettre, que je suis en Hollande, auprès de mon amie, comme je te l'avais annoncé. Nous sortons ensemble, parmi les calmes paysages, un repos charmant. Adieu, Natalie, et souviens-toi que tu as été la cause unique de tout ce qui est arrivé. Pauline » Mais une troisième égérie occupe toutes les pensées de Renée : la jeune ottomane Kérimé Turkhan-Pacha avec laquelle elle entretient une correspondance ardente et suivie depuis une année. Quelques jours plus tard, elle quittera la France avec Natalie pour Mytilène (Lesbos) et profitera de l'occasion pour s'échapper et enfin rencontrer pour la toute première fois sa sultane du Bosphore. Très beau témoignage de l'ubiquité amoureuse de Renée Vivien. C'est à la fin de l'année 1899 et par l'intermédiaire de Violette Shillito que Renée Vivien - alors Pauline Tarn - fit la connaissance de Natalie Clifford Barney « cette Américaine plus souple qu'une écharpe, dont l'étincelant visage brille de cheveux d'or, de prunelles bleu de mer, de dents implacables » (Colette, Claudine à Paris). Natalie, qui venait de vivre une idylle estivale avec la sulfureuse Liane de Pougy qui l'a initiée au saphisme, ne prêta qu'une attention discrète à cette nouvelle connaissance. Renée en revanche fut totalement subjuguée par la jeune Américaine et relatera ce coup de foudre dans son roman autobiographique Une Femme m'apparut : « J'évoquai l'heure déjà lointaine où je la vis pour la première fois, et le frisson qui me parcourut lorsque mes yeux rencontrèrent ses yeux d'acier mortel, ses yeux aigus et bleus comme une lame. J'eus l'obscur prescience que cette femme m'intimait l'ordre du destin, que son visage était le visage redouté de mon avenir. Je sentis près d'elle les vertiges lumineux qui montent de l'abîme, et l'appel de l'eau très profonde. Le charme du péril émanait d'elle et m'attirait inexorablement. Je n'essayai point de la fuir, car j'aurais échappé plus aisément à la mort. » « Hiver 1899-1900. Débuts de l'idylle. Un soir, Vivien est invitée par sa nouvelle amie dans l'atelier de Mme Barney [mère de Natalie], 153 avenue Victor-Hugo, à l'angle de la rue de Longchamp. Natalie s'enhardit à lire des vers de sa composition. Comme Vivien lui dit aimer ces vers, elle lui répond qu'il vaut mieux aimer le poète. Réponse bien digne de l'Amazone. » (J.-P. Goujon, Tes blessures sont plus douces que leurs caresses) Suivront deux années d'un bonheur inégal, rythmées par les infidélités récurrentes de Natalie et la jalousie maladive de Renée dont les lettres oscillent entre déclarations enflammées et douloureux mea culpa. « Renée Vivien, c'est la fille de Sappho et de Baudelaire, c'est la fleur du mal 1900 avec des fièvres, des envols brisés, des voluptés tristes. » (Jean Chalon, Portrait d'une séductrice) En 1901 survint une importante rupture qui durera presque deux années ; Renée, malgré les sollicitations de Natalie et les intermédiaires qu'elle lui envoie pour la reconquérir, résiste. « Les deux amies se revirent, et se fut, en août 1905, le pèlerinage à Lesbos, qui constitua une déception pour Natalie Barney et demeura sans lendemain. [...] Le ressort était définitivement brisé. Les deux anciennes amies cessèrent de se voir dès 1907, et Vivien mourut sans qu'elles se soient revues. » (J.-P. Goujon, Ibid.) Précieuses et très rares lettres de Sapho 1900 à l'Amazone. - s.l. [Londres] s.d. [25 juillet 1905], 12,4x16,7cm, 4 pages sur un double feuillet et 2 pages 1/2 sur un double feuillet. [ENGLISH TRANSLATION FOLLOWS] Ice and fire: Set of two handwritten letters signed ""Paule"" and ""Pauline"" addressed to Natalie Clifford Barney: « Lorely - Undine - Viviane - reçois mon cœur entre tes mains étranges - et si douces ! » « Il m'est impossible de te revoir ! » [London 25 July 1905] | 12,4 x 16,7 cm | 4 pages on a double leaf and 2 pages 1/2 on a double leaf Two handwritten letters signed «Paule» and «Pauline» addressed to Natalie Clifford Barney and written in black ink on a double leaf with a silver purple header and the address 3 rue Jean-Baptiste Dumas. On the letter signed «Pauline», the address at the top is crossed out with a line of ink. Transverse fold from having been sent. Skillful romantic contrast from the virtuoso Renée Vivien, who, in turn Paule and Pauline, orchestrates her romantic relationships before her run away to Lesbos. Several years after an extraordinary break-up, during which Natalie Clifford Barney tried to win back the Muse aux violettes, the latter finally fell back into her arms. The first letter, signed ""Paule"" is very sensual: ""I have thought of you so deeply and with such softness since you left! And I see you again, in your dress shimmering with opals, magical and prestigious... Yesterday's spell has regained its eternal power over me... It is now three o'clock in the morning and I am not sleeping at all and I am thinking of you, intensely... and I bitterly consider that one evening when you were beside me, foolishly, a stupid fatigue went through me... While this night when I am alone, I cannot sleep."" We discover at the turn of a sentence that this missive, written in haste, is completely secret: ""Don't be surprised, beautiful, to receive any day an icy letter telling you that I am going to Holland with my friend and whoever. My friend has demanded that I write you this letter, she is very worried, very nervous, about you. Please don't be mad with me when you receive this letter, I had to write it to calm and reassure my friend. Once again, forgive me!"" The ""friend"" in question is none other that the baroness Hélène de Zuylen, with whom Renée maintained a stable relationship since her break-up with l'Amazone in 1901. The ""Brioche"", as Natalie calls her, who tried by all means to save Renée from the torments of her heart, even asks her to write ""an icy letter"" to her rival. This false letter, in a very different tone from the first, seems to have been written directly under her dictation: ""After you left, I thought a lot about everything that had just happened, and I can only repeat to you what I have already told you: it is impossible for me to see you again, under any circumstances. The nervous disorder of which I am now suffering and of which only you are the cause, demands the utmost tranquility in the interest of my health, and I beg you to refrain, in the future, from any attempt at getting together, which, I warn you in advance, will be absolutely useless. You will see, from this letter, that I am in Holland, with my friend, as I told you. We go out together, among the calm landscapes, a charming rest. Farewell, Natalie, and remember that you were the sole cause of everything that happened. Pauline"" However, a third muse occupies all of Renée's thoughts: the young Ottoman Kérimé Turkhan-Pacha, with whom she has maintained an intense and regular correspondence for a year. Several days later, she left France with Natalie for Mytilene (Lesbos) and took the opportunity to escape and finally meet her Bosphorus sultana for the very first time. A very beautiful testimony of Renée Vivien's ubiquity in love. Precious and very rare letters from Sappho 1900 to l'Amazone. It is at the end of 1899 and through Violette Shillito that Renée Vivien - then Pauline Tarn - met Natalie Clifford Barney ""this American woman softer than a scarf, whose sparkling face shines with golden hair, sea blue eyes, never-ending teeth"" (Colette, Claudine à Paris). Natalie, who had just experienced a summer romance with the scandalous Liane de Pougy who introduced her to sapphism, paid little attention to this new acquaintance. Renée, on the other hand, was totally captivated by the young American woman and describes this love at first sight in her autobiographical novel, Une femme m'apparut: ""I lived again the hour, already well past, when I saw her for the first time, felt the shiver that ran through me when my eyes met the mortal steel of her look, those eyes blue and piercing as a blade. I had a dim premonition that this woman would determine the pattern of my fate, and that her face was the predestined face of my Future. Near her I felt the luminous dizziness which comes at the edge of an abyss, or the attraction of a very deep water. She radiated the charm of danger, which drew me to her inexorably."" ""Winter 1899-1900. Beginnings of the idyll. One evening, Vivien is invited by her new friend to Mme Barney's studio [Natalie's mother], 153 avenue Victor-Hugo, on the corner of the rue de Longchamp. Natalie finds the courage to read the verses of her composition. As Vivien tells her to love these verses, she tells her that it is better to love the poet. A response worthy of the Amazon."" (J.-P. Goujon, Tes blessures sont plus douces que leurs caresses) Two years of unequal happiness will follow, punctuated by Natalie's recurring infidelities and Renée's sickly jealousy, the letters of which oscillate between inflamed declarations and painful admissions of guilt. ""Renée Vivien is the daughter of Sappho and Baudelaire, she is the 1900 flower of evil with fevers, broken-up fights, sad delights."" (Jean Chalon, Portrait d'une séductrice) In 1901, a major break-up occurred which lasted almost two years; Renée, despite requests from Natalie and the others she sent to win her back, resisted. ""The two friends saw each other again, and in August 1905, went on a pilgrimage to Lesbos, which was a disappointment for Natalie Barney and was short-lived. [...] The spring was broken once and for all. The two former friends stopped seeing each other in 1907, and Vivien died without them seeing each other again."" (J.-P. Goujon, ibid.)
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Price: EUR 4500.00 = appr. US$ 4890.81 Seller: Librairie Le Feu Follet
- Book number: 78940
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