Author: RAVACHOL François Claudius Koënigstein, dit Title: Testament politique autographe signé de Ravachol en grande partie inédit
Description: 1892, 20x29,5cm, 4 pages sur un double feuillet. Exceptionnel manuscrit autographe complet signé du véritable testament de Ravachol - en grande partie inédit - inconnu sous cette forme, précédant sa réécriture par un tiers pour la publication dans la presse. Unique témoignage de la véritable pensée de l'icône de l'anarchie. Manuscrit de quatre pages in-4 lignées, entièrement rédigé à l'encre noire et doublement signé « Konigstein Ravachol » en pied de chaque feuillet. Corrections au crayon de papier dans le texte, peut-être de la main de son avocat. Quelques pliures transversales et très infimes déchirures marginales sans manque. Écrit en cellule durant le second procès de Montbrison qui mènera à sa condamnation à mort, ce texte, rédigé d'une écriture hâtive, sans ponctuation ni majuscules et à l'orthographe naïve, devait être prononcé par Ravachol lors de l'audience. « Ravachol avait une sacrée envie de coller son grain de sel dans la défense, non pour se défendre, mais pour s'expliquer. Y a pas eu mèche, nom de dieu ! à la quatrième parole, le chef du comptoir lui a coupé le sifflet. Sa déclaration n'est pas perdue, nom d'une pipe ! ». (Émile Pouget, in Père Peinard 3-10 juillet 1892). Le Rocambole de l'anarchisme ne sera en effet pas autorisé à déclamer son texte, mais il le remettra à son avocat Maître Lagasse et, dès le 23 juin, la déclaration interdite se retrouvera reproduite dans le journal Le Temps. Cette première parution dans un journal conservateur se veut fidèle au texte original jusqu'à reproduire l'orthographe fantaisiste de son auteur. Ce souci d'exactitude sera d'ailleurs dénoncé par Émile Pouget dans le Père Peinard du 3 juillet 1892, une semaine avant l'exécution de Ravachol : « Le Temps, le grand drap de lit opportunard l'a collée nature. En vrai jésuitard, il l'a même collée trop nature. Ravachol avait écrit le flanche pour lui ; il savait comment le lire, - mais y avait pas un mot d'orthographe, vu qu'il se connait à ça, autant qu'à ramer des choux. Le Temps a publié le flambeau sans rien changer, de sorte que c'est quasiment illisible [...]. C'est ce que les jean-foutre voulaient, nom de Dieu ! [...] Je colle ci-dessous, sans y changer un mot, m'étant contenté d'y mettre de l'orthographe. » Suit, dans ce même numéro du 3 juillet 1892, la reproduction exacte, mais sans les fautes, du discours initialement publié dans Le Temps. Cette double publication associée à la noble attitude de Ravachol devant la guillotine aura un impact considérable sur l'opinion publique. En effet, même les organes anarchistes avaient jusqu'à lors conservé une certaine distance avec ce criminel provocateur accusé d'utiliser la cause anarchiste à des fins crapuleuses. Mais après l'exécution, ce testament sera rapidement repris par de nombreux autres journaux et l'ultime cri de révolte de Ravachol deviendra bientôt un véritable hymne de l'anarchie pour les libertaires de toutes nations. Pourtant, la version reproduite par ces journaux, seule connue à ce jour mais dont la source manuscrite a disparu, diffère sensiblement du manuscrit en notre possession. En effet, le style a été légèrement amélioré, quelques tournures ont été arrangées, et surtout, de larges passages ont été supprimés, dont le paragraphe de conclusion qui a été entièrement remplacé. Notre manuscrit, comportant des ratures et des reprises semble ainsi être, à tout le moins, la version primitive de ce testament politique. Écrit d'une traite, d'une graphie compacte, sans ponctuation, ni paragraphe, ce manuscrit comporte deux longs passages révélant des préoccupations de santé publique totalement absentes de la version publiée. La première concerne un long passage, d'un tiers de feuillet, sur les « ingrédients dangereux » adjoints à la fabrication du pain : « n'ayant plus besoin d'argent pour vivre, plus de crainte que le boulanger introduise dans le pain des ingrédients dangereux pour la santé et dans l'intention de lui donner une belle apparence ou le rendre plus lourd puisque cela ne lui rapporterait rien et qu'il aurait comme tout le monde et par le même moyen la facilité de se procurer les choses nécessaires pour son travail et son existence. On aurait pas à contrôler si le pain a bien le poids, si l'argent n'est pas faux, si le compte est bien exact. » La seconde, bien plus longue que la première (presque une page entière), concerne l'industrie de la teinture de la soie dont Ravachol fut un modeste ouvrier : « Eh bien que l'on se rende compte attentivement de toutes les matières perdues et des forces qu'il a fallu dépenser pour les produire, on comprend qu'on a travaillé inutilement à produire toutes ces drogues et à les fixer sur la soie qui est brûlée par l'excès de toutes sortes d'ingrédients dont la manipulation est dangereuse pour les ouvriers et dont la soie sera devenue entre leurs mains une chose dangereuse à mettre en contact avec la peau et par les poussières que produisent en séchant l'excès des drogues. » La suppression de ces parties, dont la longueur témoigne de l'importance qu'elles revêtent dans l'esprit de l'auteur, n'est sans doute pas anodine et modifie profondément la réception du discours. Contrairement à la version connue, le manuscrit est ainsi centré sur le bien-être des individus et la santé publique, mais surtout il s'appuie sur l'expérience personnelle de son auteur, sa condition d'ouvrier de la soie, qui constitue une des principales sources de la réflexion de Ravachol et de sa conscience politique. L'autre manuscrit connu de Ravachol (aujourd'hui disparu mais reproduit à l'époque dans le journal républicain L'Écho de Lyon) comporte également une longue digression sur le processus de fabrication de la soie et ses conséquences sur la santé des ouvriers. Or le discours publié par la presse ne fait aucune mention de cette activité fondatrice de l'engagement de Ravachol, qui conclut son manuscrit. Au contraire, à ce long paragraphe prosaïque se substitue une superbe mais étonnante plaidoirie, dont la pensée synthétique et le style éloquent constituent une véritable rupture avec le reste du discours, auquel elle ne semble plus liée que par la fantaisie constante de l'orthographe. « Oui, je le répète : c'est la société qui fait les criminels, et vous jurés... » ; « Je ne suis qu'un ouvrier sans instruction ; mais parce que j'ai vécu l'existence des miséreux, je sens mieux qu'un riche bourgeois l'iniquité de vos lois répressives » ; « Jugez-moi, messieurs les jurés, mais si vous m'avez compris, en me jugeant jugez tous les malheureux ». Superbes effets de manche, et conclusion grandiloquente où l'on est en peine de reconnaître le style oral de notre ouvrier dont le seul autre texte publié intégralement - ses Mémoires dictées à ses gardiens dans la soirée du 30 mars 1892 - ne comportent aucune conclusion et s'arrête aussi brutalement que notre manuscrit. Cette envolée finale à la gloire de l'anarchie, dont nous ne connaissons aucune trace manuscrite et qui n'est même pas ébauchée dans notre version, se révèle donc de toute évidence apocryphe. Comme la première publication est l'œuvre d'un journal conservateur, il est impossible que le journaliste en soit l'auteur. Il est donc plus vraisemblable que la version fournie à la presse ait été revue et corrigée par son dernier détenteur, l'avocat de Ravachol : Maître Louis Lagasse, juriste engagé, défenseur attitré de plusieurs journaux anarchistes et futur député du parti radical-socialiste. Ainsi, notre manuscrit semble mettre en lumière une récupération idéologique de la pensée de Ravachol non qu'elle fut réellement trahie, mais habilement reformulée dans un cadre plus intellectualisé. Cette instrumentalisation de celui qu'on accusait encore la veille de détourner la cause anarchiste fut une réussite totale. La postérité en fit une icône de l'indépendance et de l'insoumission. Il connut un véritable culte de la personnalité, exalté par les chansons, sanctifié par les romans, héroïsé par les combattants et parfois même institutionnalisé en devenant, comme en wallon, un nom commun. Aux côtés de Proudhon et Bakounine, les grands théoriciens de l'anarchie, il manquait une figure pratique, un maître d'œuvre assumant la violence sous-jacente de cette idéologie nihiliste. Ravachol, grâce à cette formidable apostrophe, deviendra ce martyr attendu. On peut douter que la version authentique du discours de Ravachol que nous révélons aujourd'hui eut eu un tel écho, alors que déjà, comme le notait Emile Pouget au sujet de la première parution, l'orthographe était un obstacle. « il faut se foutre un sacré turbin pour saisir les idées. ». Mais il ajoutait malicieusement : « Ces couillons de bourgeois éduqués, se figurent qu'il faut savoir orthographier les mots pour avoir de l'idée dans la caboche. » En effet, il serait présomptueux de conclure que la réputation de Ravachol fut ainsi usurpée par la plume habile d'un idéologue. Le manuscrit original, s'il dévoile la supercherie, met aussi en lumière la profondeur réelle des idées de Ravachol et les racines de sa révolte. Toutes les idées ajoutées ou réécrites par l'avocat sont bien présentes, bien que moins lisibles, dans le manuscrit original. C'est bien la misère et les privations qui, pour Ravachol, poussent les malheureux au crime. Dès les premières lignes, il souligne la responsabilité de « la société, qui par son organisation met les hommes en lutte continuelle les uns avec les autres, [et] est seule responsable ». En réponse à ce problème, la justice traite selon lui non pas les causes, mais les conséquences de la pauvreté : « On finira sans doute par comprendre que les anarchistes ont raison lorsqu'ils disent que pour avoir la tranquillité morale et physique, il faut détruire les causes qui engendrent les crimes et les criminels. [...] Eh bien, messieurs, il n'y a plus de criminels à juger, mais les causes du crime à détruire. » Cette légitimation de la violence anarchiste n'est pas gratuite et Ravachol, malgré son expression écrite limitée, propose une réforme et soumet à son auditoire l'idée d'une utopie fondée sur la justice sociale : « En créant les articles du Code, les législateurs ont oublié qu'ils n'attaquaient pas les causes mais simplement les effets, et qu'alors ils ne détruisaient aucunement le crime. [...] Il suffirait d'établir la société sur de nouvelles bases où tout serait en commun, et où chacun, produisant selon ses aptitudes et ses forces, pourrait consommer selon ses besoins. » Et lorsqu'il dénonce la misère sociale, le texte original de Ravachol ne nécessite aucune réécriture de son avocat : « Tous ceux qui ont du superflu s'occupent-ils s'il y a des gens qui manquent des choses nécessaires ? Il y en a bien quelques-uns qui donneront quelques secours, mais ils sont imperceptibles et ne peuvent soulager tous ceux qui sont dans la nécessité et qui mourront prématurément par suite des privations de toutes sortes, ou volontairement par les suicides de tous genres pour mettre fin à une existence misérable et ne pas avoir à supporter les rigueurs de la faim, les hontes et les humiliations sans nombre, et sans espoir de les voir finir. » Émondé des effets de style de l'avocat, cet émouvant manuscrit laisse transparaitre l'obsession de celui qui se sait condamné à une fin imminente. La mort y est omniprésente : celle des criminels agissant par nécessité est mise en parallèle avec le trépas des « nécessiteux » travaillant jusqu'à l'épuisement. La graphie élancée, l'absence de ponctuation et l'enchaînement des phrases traduisent l'urgence de la pensée du condamné qui, dans ce dernier soupir d'encre, tente de résumer son combat et de justifier ses actions criminelles. Aucun répit n'est laissé au lecteur, les quatre pages sont abondamment rédigées jusqu'à la dernière ligne et Ravachol, comme pour assumer chacun de ses écrits ou peut-être dans l'incertitude de pouvoir achever sa pensée, signe sa déclaration sur chaque feuillet. Témoignage inédit de Ravachol, qui vola et tua pour survivre, ce testament réhabilite avec authenticité la pensée de ce Rocambole, jusqu'alors icône modelée par les théoriciens. On y découvre les dernières pensées d'un homme ordinaire, mu par un véritable combat pour la justice, tout aussi loin de l'image du Christ de l'anarchie que d'un Judas criminel ayant employé l'idéologie libertaire à des fins crapuleuses. L'homme que l'on découvre dans ce document capital, n'est certes pas le tribun que l'on pensait, mais son discours qui fut doublement censuré par les juges et par son avocat, révèle des préoccupations humanistes sans doute d'une trop grande modernité pour l'époque. En pleine révolution industrielle, il ne dénonce pas que la misère et la mauvaise répartition des richesses, mais aussi les risques de la chimie industrielle pour la santé de la population ouvrière. Derrière l'idéologue et utopiste Ravachol, nous découvrons dans ce manuscrit inédit un François Claudius Koënigstein, plus modeste dans son expression mais plus visionnaire dans sa pensée, précurseur des grands défis écologiques et sanitaires à venir. Considérable testament apologétique de la dignité humaine. - 1892, 20x29,5cm, 4 pages sur un double feuillet. [ENGLISH TRANSLATION FOLLOWS] Ravachol's largely unpublished signed autograph political will Exceptional complete autograph manuscript signed by Ravachol of his true will - largely unpublished - unknown in this form, prior to its rewriting by a third party for publication in the press. The only testimony to the true thoughts of the icon of anarchy. Manuscript of four lined in-4 pages, entirely written in black ink and signed twice 'Konigstein Ravachol' at the bottom of each page. Pencil corrections in the text, possibly by his lawyer. A few transverse folds and very tiny marginal tears without loss. Written in his cell during the second Montbrison trial, which led to his death sentence, this text, hastily written in unpunctuated, uncapitalized prose with naïve spelling, was intended to be read aloud by Ravachol in court. ""Ravachol had a hell of a desire to throw in his two cents—not to defend himself, but to explain himself. He didn't get a chance, for heaven's sake! By the fourth word, the head of the bench cut him off. But his statement is not lost, good heavens!"" (Émile Pouget, Père Peinard, July 3-10, 1892). The Rocambole of anarchism was indeed denied the chance to speak, but he handed his text to his lawyer, Maître Lagasse. On June 23, the banned declaration appeared in the conservative journal Le Temps. On June 23, the banned declaration appeared in the conservative journal Le Temps. This first publication preserved Ravachol's original spelling, an act of fidelity that Émile Pouget criticized in Père Peinard (July 3, 1892), one week before Ravachol's execution: ""Le Temps, the big opportunard bedsheet, stuck it true to life. In true Jesuit fashion, they even printed it too faithfully. Ravachol had written his speech for himself; he knew how to read it—but he had not a word of spelling in it, as much an expert at that as at rowing cabbages. Le Temps published the whole thing without changing a word, making it nearly unreadable [...]. That's just what those bastards wanted, by God! [...] So here it is below, unchanged, except I put in the spelling."" In the same issue of 3 July 1892, there follows the exact reproduction, but without the errors, of the speech originally published in Le Temps. This dual publication, together with Ravachol's noble attitude in front of the guillotine, had a considerable impact on public opinion. Until then, even anarchist circles had distanced themselves from him, considering him a provocateur exploiting anarchism for criminal ends. But after the execution, this testament was quickly reprinted by many other newspapers and Ravachol's final cry of revolt soon became a veritable hymn of anarchy for libertarians of all nations. Yet, the version reproduced in these newspapers—the only known version to date, whose manuscript source has vanished—differs significantly from the document in our possession. Indeed, the style has been slightly improved, some phrases have been rearranged, and above all, large passages have been deleted, including the concluding paragraph, which has been completely replaced. Our manuscript, containing erasures and rewrites, thus seems to be the early version of this political testament. Written in one go, in a compact script, without punctuation or paragraphs, this manuscript contains two long passages revealing public health concerns that are completely absent from the published version. The first concerns a long passage, a third of a page, on the 'dangerous ingredients' added to bread: ""With no need for money to live, bakers would no longer introduce dangerous ingredients into bread to make it look better or weigh more, since it would no longer profit them and he would have, like everyone else and by the same means, the facility to obtain the things necessary for his work and his existence. There would be no need to check the weight of bread, whether money is counterfeit, or if accounts are exact."" The second, much longer than the first (almost a whole page), concerns the silk dyeing industry of which Ravachol was a modest worker: ""Well, if we carefully consider all the materials lost and the energy that had to be expended to produce them, we realise that we have worked uselessly to produce all these drugs and to fix them on the silk, which is burnt by the excess of all kinds of ingredients, the handling of which is dangerous for the workers and which, in their hands, will have made the silk dangerous to put in contact with the skin, and by the dust produced by the drying of the excess of the drugs."" The removal of these passages, the length of which testifies to the importance they held in the author's mind, is undoubtedly significant and profoundly changes the reception of the discourse. Unlike the known version, the manuscript thus centres on the well-being of individuals and public health. More importantly, it is rooted in Ravachol's personal experience as a silk worker—a key source of his political awareness. Ravachol's other known manuscript (now lost but reproduced at the time in the republican newspaper L'Écho de Lyon) also includes a long digression on the silk manufacturing process and its consequences for the health of the workers. However, the speech published in the press makes no mention of this activity, which was the basis of Ravachol's commitment, and which concludes his manuscript. On the contrary, this long prosaic paragraph is replaced by a superb but astonishing plea, whose synthetic thought and eloquent style constitute a real break with the rest of the speech, to which it seems to be linked only by the constant fantasy of the spelling : ""Yes, I repeat: it is society that creates criminals, and you, jurors..."" ;""I am just an uneducated worker; but because I have lived the life of the destitute, I feel more keenly than a wealthy bourgeois the injustice of your repressive laws.""; ""Judge me, gentlemen of the jury, but if you have understood me, in judging me, you judge all the unfortunate"". Superb showmanship, and a grandiloquent conclusion in which it is difficult to recognise the oral style of our labourer, whose only other text published in full - his Memoirs, dictated to his guards on the evening of 30 March 1892 - contains no conclusion and ends as abruptly as our manuscript. This final outburst in praise of anarchy, of which we know of no handwritten trace and which is not even sketched out in our version, is therefore clearly apocryphal. Since Le Temps was a conservative newspaper, it is unlikely their journalists wrote it. Instead, the revision was likely done by Ravachol's lawyer, Maître Louis Lagasse, a committed lawyer, official defender of several anarchist newspapers and future deputy of the radical-socialist party. Our manuscript reveals the ideological repurposing of Ravachol's thought. Though not outright falsified, it was carefully reframed into a more intellectualized argument. This instrumentalisation of the man who had only the day before been accused of diverting the anarchist cause was a total success. Posterity made him an icon of independence and insubordination. He became the object of a veritable personality cult, exalted in songs, sanctified in novels, heroised by the fighters and sometimes even institutionalised, becoming a common noun, as in Walloon. Alongside Proudhon and Bakunin, the great theorists of anarchy, a practical figure was lacking, a master craftsman assuming the underlying violence of this nihilist ideology. Ravachol, thanks to this manipulated speech, became that long-awaited martyr. It is doubtful that the authentic version of Ravachol's speech that we are revealing today would have had such an impact, when already, as Emile Pouget noted about the first publication, spelling was an obstacle. ""You have to work your ass off to grasp the ideas."" But he mischievously added : ""These dumbass educated bourgeois think you have to know how to spell words to have ideas in your head."" Indeed, it would be presumptuous to conclude that Ravachol's reputation was thus usurped by the skilful pen of an ideologue. The original manuscript, while revealing the deception, also highlights the true depth of Ravachol's ideas and the roots of his revolt. The ideas embellished by his lawyer are all present, if less polished, in the original manuscript. It is poverty and deprivation that, for Ravachol, drive the unfortunate to crime. From the very first lines, he asserts the responsibility of ""society, which, by its organization, places men in perpetual conflict with one another and is solely to blame"". In response to this problem, justice, in his view, addresses not the causes but the consequences of poverty: ""One will no doubt come to understand that the anarchists are right when they say that to achieve moral and physical peace, one must eradicate the causes that give rise to crime and criminals. [...] Well, gentlemen, there will be no more criminals to judge, only the causes of crime to eliminate"". This legitimisation of anarchist violence is not gratuitous and Ravachol, despite his limited written expression, proposes a reform and submits to his audience the idea of a utopia based on social justice: ""In drafting the articles of the Code, legislators forgot that they were not addressing the causes but merely the effects, and that they were therefore doing nothing to eliminate crime. [...] It would be enough to establish society on new foundations, where everything would be held in common, and where each person, producing according to their abilities and strengths, could consume according to their needs"". When he denounces social misery, Ravachol's original text requires no revision by his lawyer: ""Do those who have more than they need ever concern themselves with those who lack the essentials? Some may offer small handouts, but they are insignificant and cannot relieve all those in need, who will die prematurely from all manner of privations or voluntarily through suicides of all kinds, to escape a miserable existence and avoid the torments of hunger, humiliation, and despair, with no hope of reprieve"". Stripped of the lawyer's stylistic flourishes, this moving manuscript reveals the obsession of someone who knows he is doomed to an imminent end. Death is omnipresent: the criminals who act out of necessity are paralleled with the destitute who work themselves to death. The slanted handwriting, the lack of punctuation, and the relentless flow of sentences reflect the thoughts of the condemned man, his final gasp of ink attempting to summarize his struggle and justify his crimes. The reader is given no respite, the four pages are densely written right down to the last line, and Ravachol, as if to claim full ownership of his words or fearing he may not finish, signs every single sheet. This previously unknown testimony from Ravachol, who stole and killed to survive, restores the authenticity of his thought, long shaped by theorists who transformed him into an icon. We discover the last thoughts of an ordinary man, driven by a genuine fight for justice, as far removed from the image of the ""Christ of Anarchy"" as from that of a criminal Judas who hijacked anarchist ideology for selfish ends. Behind the ideologue and utopian Ravachol, we discover in this unpublished manuscript a François Claudius Koënigstein, more modest in his expression but more visionary in his thinking, a precursor of the great ecological and health challenges to come. A considerable apologetic testament to human dignity.
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Price: EUR 18000.00 = appr. US$ 19563.25 Seller: Librairie Le Feu Follet
- Book number: 73438
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