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Title: Lettre autographe signée de ses initiales : ""« L'imaginaire » remplace peut-être actuellement « l'Idéal » d'un temps passé""
Description: Bruxelles 9 janvier 1965, 13,5x20,5cm, deux pages sur un feuillet. Importante lettre autographe de René Magritte à André Bosmans, datée du 9 janvier 1965 et signée de ses initiales. 35 lignes à l'encre noire sur un feuillet à en-tête «?René Magritte 97, rue des Mimosas, Bruxelles 3 Téléphone 15.07.30?». Quelques mots biffés et des passages soulignés. Publiée dans les Lettres à André Bosmans 1958-1967, Seghers I. Brachot, 1990, pp. 407-408 Lettre à la fois humoristique et d'une grande profondeur philosophique, dans laquelle le peintre surréaliste René Magritte aborde la question de l'imagination et de l'inspiration. On y trouve une fine analyse des enjeux de l'esthétique et de la pensée modernes, alors que le peintre cherche l'inspiration pour réaliser la couverture du prochain XXème siècle, journal d'avant-garde artistique et littéraire (numéro XXV, juin 1965). Magritte adresse cette lettre à son grand ami André Bosmans, instituteur, poète et rédacteur en chef de Rhétorique, revue littéraire à laquelle Magritte contribua activement. Le peintre, alors en pleine maîtrise de son art, jouit d'une reconnaissance internationale depuis le début des années 1960. Son œuvre a déjà fait l'objet de nombreuses rétrospectives en France et en Belgique, et sera célébrée outre-Atlantique quelques mois plus tard au Museum of Modern Art de New York. Sa lettre est partagée entre humour et réflexion psychologique. On retrouve l'habituel goût de Magritte pour l'ironie?: «?Voici en retour l'extrait du journal La Meuse. Le sérieux des conseils aux femmes enceintes devient cocasse lorsqu'il accompagne cette reproduction d'une gouache faite il y a trente ans environ. Il s'agit sans doute ""d'humour"" pour les gens sérieux???». Un quotidien liégeois avait en effet emprunté pour un de ses articles une gouache surréaliste de Magritte, intitulée Maternité, où la mère était représentée avec un visage de bébé et le bébé avec un visage de femme. Après cet aparté, Magritte entretient Bosmans d'un projet de tableau destiné à une revue?: «?Je ne sais pas encore ce que je peindrai pour la couverture du prochain XXème siècle?». La revue d'art Le XXème siècle avait été fondée en 1938 par un journaliste italien correspondant à Paris, Gualtieri di San Lazzaro, et paraissait sous la forme d'un cahier annuel sur les tendances de l'art moderne, agrémenté de lithographies et d'œuvres originales. Magritte y figure aux côtés de Giorgio de Chirico, son idole, mais aussi Kandinsky, Jean Arp, et Joan Miro, ainsi que de nombreux autres artistes pionniers ou héritiers du surréalisme. Chaque numéro était consacré à un sujet d'actualité différent, avec des interventions de critiques, d'artistes et d'écrivains. Magritte dissèque pour Bosmans le titre du prochain numéro («?Aux sources de l'imaginaire?»), qui selon lui, symbolise toute une époque devenue esclave de l'inconscient depuis la révolution surréaliste?: «?L'imaginaire?» remplace peut-être actuellement «?l'Idéal?» d'un temps passé. Au lieu d'un musée idéal, c'est à présent musée imaginaire. L'expression propre serait je crois?: recensement ou catalogue du musée parfait.?» Reprenant le célèbre paradigme d'André Malraux, le «?musée imaginaire?», Magritte souligne le passage du romantisme au surréalisme?: ce remplacement de la poursuite d'un idéal par l'ouverture sur le rêve et le fortuit. Il fait également la critique de l'expression ampoulée du XXème siècle?: «?C'est l'imaginaire médiocre qui est responsable (la source, pour parler au figuré comme le XXème siècle) de ce qui n'a de valeur qu'imaginaire.?» Car chez Magritte, il existe une distinction fondamentale entre imaginaire et imagination, entre rêverie et création. Pour cet artiste profondément sensible aux paradoxes de la réalité et au rôle du mystère dans la vie et dans l'art, l'imagination n'est rien sans être créative. Ses toiles empruntes de «?réalisme halluciné?» démontrent cette conviction, comme son célèbre Homme au chapeau melon (collection particulière, 1964), ou encore sa série de l'Empire des lumières (musée Solomon R. Guggenheim et MoMA de New York, Collection Peggy Guggenheim à Venise, Musées royaux des beaux-arts de Belgique, 1953-1954). Le peintre nous offre sa propre définition cryptique et fascinante de l'imaginaire?: «?L'imagination qui a le pouvoir, afin de ne pas la confondre avec l'imagination stérile devrait s'appeler?: l'inspiration, lorsque la poésie est en question. Elle n'a pas à être géniale, ni extraordinaire. L'imagination limitée à l'invention d'une machine, à la solution d'un problème (Euréka) est géniale.?». On remarque dans cette phrase que la poésie se place en tête de la hiérarchie des genres selon Magritte, qui chercha toute sa vie à provoquer chez le spectateur un «?état poétique?» et inséra même le langage dans ses compositions (L'Apparition, 1928, Staatsgalerie de Stuttgart, La trahison des images, 1929, musée d'art moderne de Bruxelles). Il achève sa lettre sur une conclusion des plus étranges - sa propre nomenclature des imaginaires?: «?Je distingue donc?: / Imagination géniale / Imagination médiocre / Et inspiration?» Fascinante lettre de Magritte qui mêle l'ironie et la conviction, la philosophie et la fantaisie, à l'aube de la création d'une nouvelle œuvre. - Bruxelles 9 janvier 1965, 13,5x20,5cm, deux pages sur un feuillet. [ENGLISH TRANSLATION FOLLOWS] Handwritten letter, signed with his initials Brussels 9 January 1965, 13,5 x 20,5 cm, two pages on one leaf Significant letter written by René Magritte to André Bosmans, dated 9 January 1965 and signed with his initials. 35 lines in black ink on one leaf with the heading ""René Magritte 97, rue des Mimosas, Bruxelles 3 Téléphone 15.07.30"". Several words crossed out and passages underlined. Published in the Lettres à André Bosmans 1958-1967, Seghers I. Brachot, 1990, pp. 407-408 A letter that is both comical and of great philosophical depth, in which the Surrealist painter René Magritte tackles the question of the imagination and inspiration. In it there is a very pertinent analysis of the issues of aesthetics and of modern thinking, while the painter is seeking inspiration to produce the cover of the next XXe siècle, an avant-garde artistic and literary journal (issue XXV, June 1965). Magritte addresses this letter to his great friend André Bosmans, a school teacher, poet and editor-in-chief of Rhétorique, a literary journal to which Magritte actively contributed. The painter, then in full mastery of his art, enjoyed international recognition since the beginning of the 1960s. His work has already been the object of numerous retrospectives in France and in Belgium, and will be celebrated on the other side of the Atlantic several months later at the Museum of Modern Art in New York. His letter is divided between humour and psychological reflection. Magritte's usual taste for irony is present: ""Here is the extract from the newspaper La Meuse. The serious advice to pregnant women becomes comical when it accompanies this reproduction of a gouache made about thirty years ago. This is probably 'humour' for serious people?"" A daily paper in Liège had indeed taken a Surrealist gouache painting by Magritte, entitled Maternité, where the mother was represented with a baby's face and the baby with the face of a woman, for one of its articles. After this aside, Magritte provides Bosmans with a draft painting earmarked for a journal (reproduced below): ""I don't know yet what I will paint for the cover of the next XXe siècle"". The art journal Le XXe siècle was founded in 1938 by an Italian journalist reporting in Paris, Gualtieri di San Lazzaro, and appeared in the form of an annual notebook on modern art trends, embellished with lithographs and original works. Magritte featured alongside Giorgio de Chirico, his idol, and also Kandinsky, Jean Arp and Joan Miro, as well as numerous other pioneering artists or heirs to Surrealism. Each issue was dedicated to a different current subject, with contributions from critics, artists and writers. Magritte dissects the title of the next issue for Bosmans (""Aux sources de l'imaginaire"" ""To the sources of the imaginary""), which according to him, symbolises an entire era that has become the subconscious slave since the Surrealist revolution:""'The imaginary' perhaps now replaces 'the ideal' of a previous era. Instead of an ideal museum, it is now an imaginary museum. I believe the proper expression would be: inventory or catalogue of the perfect museum."" Taking André Malraux's well-known paradigm, the ""musée imaginaire"" ""imaginary museum,"" Magritte emphases the transition from romanticism to Surrealism: this replacement of the pursuit of an ideal through the opening up on to dreams and the accidental. He also criticizes the XXe siècle's pompous expression: ""It is the mediocre imaginary that is responsible (the source, speaking figuratively like the XXe siècle) for that which only has an imaginary value."" Because for Magritte, there is a fundamental distinction between the imaginary and imagination, between dreams and creation. For this artist, who is profoundly sensitive to the paradoxes of reality and the role of mystery in life and in art, the imagination is nothing without being creative. His paintings based on ""hallucinated realism"" demonstrate this belief, such as the famous Homme au chapeau melon (private collection, 1964), and even his Empire des lumières series (Solomon R. Guggenheim Museum and the New York MoMA, Peggy Guggenheim Collection in Venise, Musées royaux des Beaux-Arts in Belgium, 1953-1954). The painter offers us his own cryptic and fascinating definition of the imaginary: ""Imagination that has power, so as not to confuse it with sterile imagination, should be called: inspiration, when poetry is in question. It does not have to be great or extraordinary. Imagination that is limited to the invention of a machine, or to the solving of a problem (Eureka) is great."" In this passage, it is noteworthy that poetry occupies the top position in the hierarchy of genres, according to Magritte, who throughout his life sought to bring about a ""poetic state"" in spectators, and even put language in his compositions (L'Apparition, 1928, Staatsgalerie in Stuttgart, La Trahison des images, 1929, Museum of Modern Art in Bruxelles). He finishes his letter with a most strange conclusion - his own glossary of fantasies: ""I therefore distinguish: Great imagination/ Mediocre imagination/ And inspiration"". A fascinating letter by Magritte that mixes irony and belief, philosophy and fantasy, at the dawn of the creation of a new work.

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Price: EUR 5000.00 = appr. US$ 5434.23 Seller: Librairie Le Feu Follet
- Book number: 65211

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