Ask a question or
Order this book


Browse our books
Search our books
Book dealer info



Title: Lettre autographe signée à Poulet-Malassis à propos de Sainte-Beuve : « voilà un vieillard passionné avec qui il ne fait pas bon se brouiller »
Description: Honfleur 28 février 1859, 13,1x20,5cm, 3 pages sur un feuillet remplié. Précieuse lettre autographe signée de Charles Baudelaire à Auguste Poulet-Malassis, éditeur des Fleurs du Mal, datée du 28 février 1859 et écrite à Honfleur. 64 lignes à l'encre noire, quelques passages soulignés, présentée sous une chemise en demi-maroquin noir moderne. Baudelaire semble obsédé par «?l'affaire Sainte-Beuve/Babou?». Il s'agit d'une des innombrables querelles qui suivirent le procès des Fleurs du Mal, dans laquelle l'écrivain Hippolyte Babou accuse Sainte-Beuve de ne pas avoir pris la défense de Baudelaire lors du procès. Des passages de cette lettre furent cités par Marcel Proust dans son célèbre Contre Sainte-Beuve, déplorant la lâcheté de Sainte-Beuve dans l'affaire du procès des Fleurs du Mal et l'attachement immérité que Baudelaire portait à l'écrivain. Le poète écrit à son éditeur de Honfleur, où il s'est retiré depuis janvier auprès de sa mère, figure sacrée «?qui hante le cœur et l'esprit de son fils?». La lettre est écrite huit jours après un autre rebondissement dans l'affaire du procès des Fleurs du mal. Baudelaire, en proie à des sentiments complexes, se confie à Malassis alors que le 20 janvier, son ami Hippolyte Babou avait attaqué Sainte-Beuve dans un article de La Revue française. Il l'accusait de ne pas avoir défendu Baudelaire lors du procès du recueil?: «?Il glorifiera Fanny [d'Ernest Feydeau], l'honnête homme, et gardera le silence sur Les Fleurs du Mal?» écrivit-il. Car malgré les prières de Baudelaire, Sainte-Beuve n'avait finalement jamais publié d'article défendant Les Fleurs du Mal. À la suite de cette attaque de Babou, Baudelaire reçut une «?lettre épouvantable?» de Sainte-Beuve?: «?Il paraît que le coup [...] avait frappé vivement [Sainte-Beuve]. Je dois lui rendre cette justice qu'il n'a pas cru que je puisse insinuer de telles choses à Babou?». Bien qu'indigné par de telles accusations, Sainte-Beuve n'en tint pas Baudelaire responsable. La virulence dont fait preuve Sainte Beuve étonne Baudelaire, qui déclare à Poulet-Malassis?: «?Décidément, voilà un vieillard passionné avec qui il ne fait pas bon se brouiller [...] Vous ne pouvez pas vous faire une idée de ce que c'est que la lettre de Sainte-Beuve. Il paraît que depuis douze ans il notait tous les signes de malveillance de Babou?». Baudelaire assiste, impuissant, à la querelle entre deux hommes estimés, et témoigne surtout de son attachement à Sainte-Beuve, qui est mis en danger par l'article de Babou?: «?Ou Babou a voulu m'être utile (ce qui implique un certain degré de stupidité), ou il a voulu me faire une niche ; ou il a voulu, sans s'inquiéter de mes intérêts, poursuivre une rancune mystérieuse?». Baudelaire vouait en effet une admiration sans bornes à «?l'oncle Beuve?», sénateur, académicien et maître incontesté de la critique, dont l'avis faisait loi dans les cénacles littéraires parisiens. Il guettait depuis des années un encouragement officiel de Sainte-Beuve, qui aurait conforté sa carrière chancelante, entachée par le scandale des Fleurs du Mal. Le poète se trouve donc tiraillé entre sa vénération pour Sainte-Beuve et son amitié de longue date pour Hippolyte Babou - qui, selon la légende, lui aurait suggéré le titre Les Fleurs du Mal. Il confie son désarroi à Poulet-Malassis?: «?Ce qu'il y avait de dangereux pour moi là-dedans, c'est que Babou avait l'air de me défendre contre quelqu'un qui m'a rendu une foule de services?». On peut se demander à quels services Baudelaire pouvait faire référence, sachant que Sainte-Beuve fit en somme assez peu pour sa carrière. Cette lettre fut citée dans le Contre Sainte-Beuve, célèbre et terrible réquisitoire de Marcel Proust publié à titre posthume en 1954. Proust y accuse Sainte-Beuve de méconnaître l'incontestable génie poétique de Baudelaire, et souligne sa lâcheté durant le procès des Fleurs du Mal. En effet, afin de protéger ses fonctions sénatoriales, Sainte-Beuve n'avait rien écrit en faveur de Baudelaire à l'exception d'un «?plan de défense dont l'avocat était autorisé à se servir, mais sans nommer Sainte-Beuve?». Presque deux ans après le verdict, le désastreux procès des Fleurs du Mal continue de hanter Baudelaire, qui vit encore dans l'angoisse de la critique, très sévère à son égard?: «?Voyez donc comme cette affaire Babou peut m'être désagréable, surtout si on la rapproche de cet ignoble article du Figaro, où il était dit?: que je passais ma vie à me moquer des chefs du romantisme, à qui je devais tout d'ailleurs?». Cet article du Figaro, paru le 6 juin 1858, l'accusait ironiquement de n'être qu'un personnage échappé d'un roman de Théophile Gautier évoluant dans la réalité sous le pseudonyme de Charles Baudelaire. Baudelaire entretient également Poulet-Malassis des affaires d'argent qu'il avait vainement tenté d'oublier en rendant visite à sa mère, et lui réclame une avance supplémentaire?: «?je n'ai pas encore eu de nouvelles de vos 1035 francs.?». Sa lettre s'achève sur un long post-scriptum concernant Théophile Gautier, sur lequel Baudelaire écrit un article. Arsène Houssaye, directeur du journal l'Artiste, exigeait une relecture préalable de l'article par Gautier avant de publier?: «?Et les uns veulent communiquer les épreuves à Gautier, et les autres veulent attendre son retour fin avril?! Lui [Théophile Gautier], avant de partir, m'a dit qu'il se reposait de tout sur moi.?» Après Sainte-Beuve, il témoigne à nouveau d'une amitié littéraire marquante de sa vie, et se targue de la confiance que lui accorde Théophile Gautier qui se trouvait alors en Russie. Le soutien de ces grandes figures du Paris littéraire encourage Baudelaire, assailli par la misère et les scandales, à poursuivre son cheminement poétique qui aboutira un an plus tard au recueil Les Paradis artificiels. Exceptionnelle confession de Baudelaire à son éditeur, dans la tourmente suivant le procès de son plus célèbre recueil. Baudelaire réunit dans cette lettre deux de ses plus grandes influences littéraires, Sainte-Beuve et Théophile Gautier, le «?poète impeccable?» à qui il avait dédié ses scandaleuses Fleurs du Mal. - Honfleur 28 février 1859, 13,1x20,5cm, 3 pages sur un feuillet remplié. [ENGLISH TRANSLATION FOLLOWS] Precious autograph letter signed by Charles Baudelaire to Auguste Poulet-Malassis, publisher of Les Fleurs du Mal, dated 28 February 1859 and written in Honfleur. 64 lines in black ink, with several underlined passages. Housed in a modern black half morocco folder. Baudelaire seems obsessed by 'the Sainte-Beuve/Babou affair', one of the many literary quarrels that followed the trial of Les Fleurs du Mal, in which the writer Hippolyte Babou accused Sainte-Beuve of not having defended Baudelaire during the trial. Passages from this letter were quoted by Marcel Proust in his famous Contre Sainte-Beuve, deploring Sainte-Beuve's cowardice in the Fleurs du Mal trial and Baudelaire's undeserved attachment to the writer. The poet wrote to his publisher from Honfleur, where he had retired in January to be with his mother, a sacred figure 'who haunts her son's heart and mind'. The letter was written eight days after another twist in the Fleurs du mal trial. Baudelaire, prey to complex feelings, confided in Malassis that on 20 January his friend Hippolyte Babou had attacked Sainte-Beuve in an article in La Revue française. He accused him of not having defended Baudelaire during the trial: ""He will glorify Fanny [by Ernest Feydeau], the honest man, and remain silent on Les Fleurs du Mal"". For despite Baudelaire's pleas, Sainte-Beuve had never in the end published an article defending Les Fleurs du Mal. Following Babou's attack, Baudelaire received a ""horrible letter"" from Sainte-Beuve: ""It seems that the blow [...] had struck [Sainte-Beuve] hard. I must do him justice—he did not believe that I could have suggested such things to Babou."" Sainte-Beuve, although indignant at such accusations, did not hold him responsible. The virulence shown by Sainte Beuve astonished Baudelaire, who declared to Poulet-Malassis: ""Decidedly, here is a passionate old man with whom it is dangerous to quarrel. [...] You cannot imagine what Sainte-Beuve's letter is like. It seems that for twelve years, he has been keeping track of every sign of hostility from Babou"". Baudelaire finds himself powerless in this quarrel between two men he esteems and, above all, expresses his concern for his relationship with Sainte-Beuve, which Babou's article has placed in jeopardy: ""Either Babou wanted to help me (which implies a degree of stupidity), or he wanted to play a trick on me; or, without caring for my interests, he was pursuing some obscure personal grudge"". Baudelaire held boundless admiration for ""uncle Beuve"", a senator, academician, and undisputed master of literary criticism, whose influence held sway over all of Parisian literary circles. For years, he had hoped for an official endorsement that could have bolstered his faltering career, which had been tarnished by the scandal of Les Fleurs du Mal. The poet thus found himself torn between his veneration for Sainte-Beuve and his long-standing friendship with Hippolyte Babou - who, according to legend, suggested the title Les Fleurs du Mal to him. He lamented to Poulet-Malassis: ""What was dangerous for me in all this was that Babou seemed to be defending me against someone who had done me countless favors"". One may wonder what favors Baudelaire was referring to, given that Sainte-Beuve had done very little for his career. This letter was quoted in Against Sainte-Beuve, Marcel Proust's famous and terrible indictment published posthumously in 1954. In it, Proust accuses Sainte-Beuve of failing to recognise Baudelaire's undeniable poetic genius, and highlights his cowardice during the Fleurs du Mal trial. In fact, in order to protect his role as a senator, Sainte-Beuve had written nothing in Baudelaire's favour, with the exception of a 'defence plan which the lawyer was authorised to use, but without naming Sainte-Beuve'. Almost two years after the verdict, the disastrous trial of the Fleurs du Mal continued to haunt Baudelaire, who still lived in fear of the criticism, which was very harsh towards him: ""See how this Babou affair could harm me—especially when placed alongside that vile Figaro piece, which claimed that: I spend my life mocking the leaders of Romanticism, to whom I owe everything"". This article, published on June 6, 1858, mocked Baudelaire by describing him as a character escaped from a novel by Théophile Gautier, living in the real world under the pseudonym Charles Baudelaire. Baudelaire also confides in Poulet-Malassis about his ongoing financial difficulties, which he had tried in vain to forget by visiting his mother, and asked him for an additional advance: ""I still haven't heard about your 1,035 francs"". His letter ends with a long postscript concerning Théophile Gautier, on whom Baudelaire was writing an article. Arsène Houssaye, director of L'Artiste, demanded that Gautier review the article before it could be published: ""And some want to send the proofs to Gautier, and others want to wait for his return at the end of April! He [Théophile Gautier], before leaving, told me he entrusted everything to me"". After Sainte-Beuve, he again testifies to a literary friendship that left a mark on his life, and prides himself on the trust placed in him by Théophile Gautier, who was then in Russia. The support of these great figures of literary Paris encouraged Baudelaire, beset by misery and scandals, to pursue his poetic journey, which would culminate a year later in the collection Les Paradis artificiels. An exceptional confession from Baudelaire to his publisher, in the turmoil following the trial of his most famous collection. In this letter, Baudelaire brings together two of his greatest literary influences, Sainte-Beuve and Théophile Gautier, the 'impeccable poet' to whom he had dedicated his scandalous Fleurs du Mal.

Keywords:

Price: EUR 17000.00 = appr. US$ 18476.40 Seller: Librairie Le Feu Follet
- Book number: 65117

See more books from our catalog: Littérature - Envois autographes, dédicaces manuscrites