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Title: ""Décembre"" : poème autographe de jeunesse dédié à Guillaume Apollinaire « J'aurai mordu la vie à tes seins d'ange piètre »
Description: circa 1917-1918, 22,3x27,6, une feuille sous chemise et étui. Remarquable poème de jeunesse autographe d'André Breton dédié à Guillaume Apollinaire, intitulé ""Décembre"", 20 vers à l'encre noire sur papier vergé d'Arches, composé en décembre 1915. Notre manuscrit fut rédigé entre mars 1917 et le début de l'année 1918. Notre poème est présenté sous chemise et étui aux plats de papier à motifs abstraits, dos de la chemise de maroquin vert olive, gardes et contreplats de daim crème, feuille de plexiglas souple protégeant le poème, étui bordé de maroquin vert olive, étiquette de papier olive portant la mention ""poème autographe"" appliquée en pied du premier plat de l'étui, ensemble signé de Thomas Boichot. Poème essentiel de la période pré-dadaïste de l'auteur, il fait partie d'un ensemble cohérent de sept poèmes manuscrits de Breton (désigné sous le nom de coll.X. dans les Œuvres complètes d'André Breton, tome I de La Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, 1988, p. 1071). Ces poèmes, de sa graphie de jeunesse, sont soigneusement calligraphiés à l'encre noire sur papier vergé filigrané. Cet ensemble a été adressé à son cercle d'amis et d'écrivains, où figurent notamment Valéry, Apollinaire, Théodore Fraenkel, et son frère d'armes André Paris. Il fut par la suite publié dans son premier recueil, Mont de piété, qui parut en juin 1919 à la maison d'édition Au sans Pareil, nouvellement fondée par son ami René Hilsum. La datation précise de cet ensemble de poèmes autographes est déterminée par l'écriture du dernier poème de la collection (« André Derain »), composé le 24 mars 1917, qui offre un terminus post quem absolu. En outre, une version plus ancienne du poème « Age », dédié à Léon-Paul Fargue, figure dans notre collection sous son nom originel « Poème ». Daté par l'auteur du 19 février 1916 - le jour de ses vingt ans - et créé 10 jours plus tôt selon sa correspondance, il ne fut rebaptisé et remanié que pour sa publication en juillet 1918 dans Les Trois Roses. Selon toute vraisemblance antérieurs à la parution de ce dernier poème, les sept poèmes autographes furent probablement rédigés courant 1917 ou au début de l'année 1918, alors que Breton poursuit son internat au Val-de-Grâce et fait la rencontre décisive de Louis Aragon. Les poèmes qui constitueront Mont de piété représentent un rare et précieux témoignage de ses influences de jeunesse, à l'aube de son adhésion au mouvement Dada et sa découverte de l'écriture automatique. Assez brefs et parfois sibyllins, on y sent poindre des accents symbolistes empruntés à Mallarmé, qu'il redécouvre lors de matinées poétiques au théâtre Antoine, au Vieux-Colombier, en compagnie de son camarade de lycée Théodore Fraenkel. Durant le premier mois de la guerre, Breton se consacre également à Rimbaud, et se plonge dans Les Illuminations, seul ouvrage emporté dans la confusion et la hâte qui suivit la déclaration de guerre. De ses lectures rimbaldiennes naquirent les poèmes « Décembre », « Age », et « André Derain », tandis qu'il emprunte à Apollinaire sa muse Marie Laurencin à qui il dédie « L'an suave ». Par ailleurs, l'héritage poétique de l'auteur sera particulièrement marqué par la figure de Paul Valéry, avec qui il entre en correspondance dès 1914. Valéry joue dans l'écriture des poèmes de Mont de Piété un rôle considérable par l'attention et les conseils qu'il prodigue au jeune poète. Admiratif de l'audace de son disciple, qui lui adressa chacun de ses poèmes, il apprécie le poème « Facon » (1916) en ces termes : « Thème, langage, visée, métrique, tout est neuf, mode future, façon » (Lettre de juin 1916, Œuvres complètes d'André Breton, tome I de La Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, 1988, p. 1072). Ces fleurons incontournables de la jeunesse de Breton furent composés entre sa dix-septième et vingt-troisième année. Surpris à Lorient par la déclaration de guerre, il devient infirmier militaire, puis officie dans plusieurs hôpitaux et sur le front pendant l'offensive de la Meuse. Il fait à Nantes la connaissance de Jacques Vaché, qui lui inspire un projet d'écriture collective, ainsi que l'illustration du futur recueil Mont de Piété, finalement réalisée par André Derain. La fréquentation de ce « dandy révolté contre l'art et la guerre », qui partage son admiration pour Jarry, et le contact des aliénés du centre neuro-psychiatrique de Saint-Dizier marquent une étape décisive dans la genèse du surréalisme. Affecté au Val-de-Grâce à partir de 1917, Breton trouve à Paris l'effervescence littéraire nécessaire à sa quête poétique et récite Rimbaud en compagnie d'Aragon. C'est par l'entremise d'Apollinaire qu'il se lie d'amitié avec Soupault, futur co-auteur des Champs magnétiques, et Reverdy, fondateur de la revue Nord-Sud, qui publiera des poèmes de Mont de piété. Les sept poèmes de la collection seront par la suite publiés dans des revues littéraires d'avant-garde (Les Trois Roses, Solstices, Nord-Sud) entre 1917 et le début de l'année 1919. Quatre des sept poèmes furent dédiés aux maîtres et amis de l'auteur : Léon-Paul Fargue, et surtout Apollinaire, à qui Breton avait consacré une étude dans l'Eventail. L'auteur rend également hommage à Marie Laurencin et André Derain, créateurs ""d'oeuvres plastiques encore toutes neuves, en butte à un décri et une intolérance presque unanimes"", chères à Breton tout au long de sa vie (XXe siècle, n°3, juin 1952). Il multiplie avec ces dédicaces les allusions croisées, dédiant à l'un un poème inspiré par l'autre, à l'exemple du poème « Age », dédié à Léon-Paul Fargue, qui fait écho à Rimbaud et son poème « Aube » (Les Illuminations, 1895). La correspondance et l'amitié des deux poètes débute avec l'envoi de ce poème, que Breton compose en décembre 1915. Apollinaire reconnaît immédiatement dans les vers que Breton lui a confiés « un talent frappant » (lettre du 21 décembre 1915). Toujours sous le charme de Rimbaud et du symbolisme finissant de Valéry à l'écriture de ce poème, Breton découvre chez Apollinaire une nouvelle orientation poétique, et lui déclarera un an plus tard : « J'ai confessé sans défiance l'attrait que vous exercez sur moi. La séduction est si impérieuse que j'en renonce momentanément à écrire ». La structure brisée de « Décembre » témoigne déjà du changement qui s'opère progressivement dans l'écriture du jeune poète, alors âgé de 21 ans. Les alexandrins chutent sur des vers de quelques syllabes qui démantèlent la strophe : « Au 25 est l'auberge et son bouchon de gui. J'esquive la frayée injuste, ô blanche terre ! Coucou - l'Europe à feu de l'an prochain languit. La chanson des fenouils - et de voilà ! Nous taire » Breton adresse également le poème à Valéry le 14 décembre, qui remarque sa facture nouvelle: « Quant aux vers bien curieux dans leurs brisures singulières, leur allure rompue et illuminée par sursaut de soliloques au coin du feu, je les trouve une intéressante étude d'autre chose, un essai nouveau de vous-même ». Le poème se situe un 25 décembre, étrange Noël peuplé de « missels en fleurs », de « Mages » et de « cloches gâles ». Breton y glisse une dédicace supplémentaire à son modèle (« le bouchon de gui »), rappelant le surnom d'Apollinaire « Gui », qui figure dans ses poèmes et ses lettres. « Décembre » est également le premier poème de Breton à évoquer directement la guerre, et s'achève par une vision morbide : « Fantassin Là-bas, conscrit du sol et de la hampe, y être ! Et mes bras, leur liane chaude qui t'a ceint ? - J'aurai mordu la vie à tes seins d'ange piètre. » Cette marque de l'admiration de Breton sera suivie d'une étude consacrée à l'œuvre du poète, peu après la publication de « Décembre » dans L'Éventail du 15 février 1919. Outre son influence en tant que poète et critique d'art, Apollinaire contribua largement après sa mort à la création des avant-gardes d'après-guerre ; car si Breton fut par la suite le théoricien du surréalisme, il faut cependant attribuer à Apollinaire l'invention du terme ainsi que la rencontre de Soupault et Breton. Rarissime et fascinant manuscrit de la jeunesse d'André Breton, dédié à Apollinaire, premier des surréalistes et guide de la nouvelle génération de poètes d'après-guerre. - circa 1917-1918, 22,3x27,6, une feuille sous chemise et étui. [ENGLISH TRANSLATION FOLLOWS] «Décembre»: autograph youthful poem dedicated to Guillaume Apollinaire. «I would have savaged the life of your poor angel breast.» [ca 1917-1918] | 22.3 x 27.6 | single sheet in custom chemise and slipcase A remarkable autograph poem of youth by André Breton dedicated to Guillaume Apollinaire entitled «Décembre». 20 verses in ink on vergé d'Arches paper, composed in December 1915. This manuscript was copied between March 1917 and the beginning of 1918. This poem is presented in a chemise and case with paper boards decorated with abstract motifs, the spine of the chemise in green morocco, pastedowns and endpapers of beige suede, a sheet of flexible plexiglass protecting the poem, case lined with green morocco, piece of green paper with caption «poème autographe» to bottom of upper cover of case, the whole by Thomas Boichot. Key poem of the author's pre-Dadaist period, it formed part of the set of 7 manuscript poems by Breton (known as coll. X. in the Œuvres complètes d'André Breton, volume I in La Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, 1988, p. 1071). Thiese poems of his juvenilia are carefully copied out in black ink on watermarked vergé paper. The small collection was addressed to his circle of friends and writers, most notably including Valéry, Apollinaire, Théodore Fraenkel, and his brother in arms André Paris. They were later published in his first collection, Mont de piété, which appeared in June 1919, published by Au Sans Pareil, established not long before by his friend René Hilsum. The precise dating of this set of autograph poems is made possible by the composition of the final poem in the set («André Derain»), written on 24 March 1917, which provides a definitive terminus post quem. An earlier version of the poem «Age», dedicated to Léon-Paul Fargue, appears in our collection under its original name, «Poème». Dated by the author 19 February 1916, the day of his 20th birthday, and composed 10 days previously (according to his letters), it was not retitled and reworked until its publication in July 1918 in Les Trois Roses. Judging by the similarities to things published before this last poem, the seven autograph poems were probably written during 1917 or at the beginning of 1918, while Breton was doing his residency in Val-de-Grâce and where, significantly, he made the acquaintance of Louis Aragon. The poems that make up Mont de piété represent a rare and valuable insight into his youthful influences at the dawn of his joining the Dada movement and his discovery of automatic writing. Quite short and sometimes sibylline, one detects Symbolist highlights borrowed from Mallarmé, whom he rediscovered at poetry mornings in the théâtre Antoine and the Vieux-Colombier accompanied by his schoolfriend Théodore Fraenkel. During the first month of the War, Breton also dedicated himself to Rimbaud, plunging into Les Illuminations, the only work he carried with him in the confusion and haste that followed the outbreak of war. From his readings of Rimbaud were born the poems «Décembre», «Age», and «André Derain», while he borrowed Apollinaire's muse Marie Laurencin to whom he dedicated «L'an suave». The author's poetic inheritance was particularly marked by Paul Valéry, with whom he corresponded from 1914. Valéry played a considerable role in the writing of the poems of Mont de piété with the advice he gave the young poet. Admiring his disciple's audacity, who addressed each of these poems to him, he characterized the poem «Façon» (1916) thus: «The theme, language, scope, meter, everything is new, in the style, the manner of the future» (Letter of June 1916, Œuvres complètes d'André Breton, vol. I in La Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, 1988, p. 1072). These essential buds of Breton's youth were written between his seventeenth and twenty-third year. Taken by surprise in Lorient by the declaration of war, he became a military nurse, serving in several hospitals and on the front during the Meuse offensive. In Nantes, he met Jacques Vaché, who inspired him to undertake a project of collective writing, as well as encouraging him to have illustrated the future collection that was to become Mont de piété, a task eventually undertaken by André Derain. His intimacy with this «dandy revolting against art and war» who shared his admiration for Jarry and his contact with the mental patients of the Saint Dizier neurological and psychiatric centre, marked a decisive stage in the birth of Surrealism. Posted to the Val-de-Grâce from 1917, Breton found in Paris the necessary literary vibrancy for his poetic quest and began reciting Rimbaud in the company of Aragon. It was thanks to Apollinaire that he became friends with Soupault, the future co-author of Champs magnétiques, and Reverdy, founder of the review Nord-Sud, which went on to publish the poems of Mont de piété. The seven poems of the collection were printed in avant-garde reviews (Les Trois Roses, Solstices, Nord-Sud) between 1917 and the beginning of 1919. Four of the seven poems were dedicated to friends and masters of the author: Léon-Paul Fargue, and above all Apollinaire, to whom Breton devoted a paper in L'éventail. Breton also paid homage to Marie Laurencin and André Derain, creators of «plastic works that are still completely new, exposed to an almost unanimous rejection and intolerance» that were dear to Breton throughout his life (XXe siècle, n°3, June 1952). With these dedications, he increased the number of complex allusions, dedicating to one a poem inspired by the other, as in for instance «Age», dedicated to Léon-Paul Fargue, which echoed Rimbaud and his poem «Aube» (Les Illuminations, 1895). The correspondence and friendship between the two poets began with the dedication of this poem, which Breton wrote in 1915. Apollinaire immediately spotted, in these lines that Breton had entrusted to him «a striking talent» (letter of 21 December 1915). Still under the spell of Rimbaud and the late Symbolism of Valéry when he wrote this poem, Breton found in Apollinaire a new poetic direction and told him a year later: «I confessed without protest the attraction you held for me. The seduction was so overwhelming that I cannot, for the moment, write about it.» The fractured structure of «Décembre» is testimony to a change that was already proceeding in the young poets work, 21 at the time. Alexandrines were set beside verses of a few syllables that dismantled meter. «At 25, the hotel with its [plug of [mistletoe I dodge the unjust spawn, O [white [soil! Hello - Europe languishes in [next [year's flames The song of the fennel - and [there [you are! We stay silent.» Breton also sent the poem to Valéry on the 14th December, who remarked on his new technique: «As to the very singular verses with their bold breaks, their allure broken and illuminated by the flash of the soliloquies at the corner of the fire, I find them an interesting study of something else, a new test of yourself.» The poem is set on the 25th December, a strange Christmas peopled by «flowering missals», «Mages» and «mangy clocks». Breton inserted another subtle dedication to his model (the «plug of mistletoe»), playing on Apollinaire's surname (Gui), which figures in his poems and his letters. «Décembre» is also the first poem by Breton directly to mention the War, and finishes on a dark image. «Private, Over there, conscript of the earth and [the standard, to be! And my arms, their warm creepers [that held you fast? - I would have savaged the life of your [poor angel breast.» This mark of admiration from Breton was followed by a study devoted to the poet's work, shortly after the publication of «Décembre» in L'Éventail on the 15 February 1919. As well as his influence as a poet and an art critic, Apollinaire posthumously contributed significantly to the birth of the post-War avant-garde movements: for if Breton was to be the theoretician behind Surrealism, it was nonetheless Apollinaire who invented the word, not to mention introducing Breton and Soupault. An extremely rare and fascinating manuscript from the young André Breton, dedicated to Apollinaire, the first Surrealist and guide for the new generation of post-War poets.

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Price: EUR 6000.00 = appr. US$ 6521.08 Seller: Librairie Le Feu Follet
- Book number: 64269

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