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Title: Lettre autographe signée adressée à sa mère : « Tu sais cependant bien que ma destinée est mauvaise. »
Description: [Paris] 13 [juillet] 1858 (mal datée « juin »), 13,3x20,6cm, 2 pages sur un feuillet remplié. Lettre autographe signée de Charles Baudelaire, rédigée au crayon de papier, adressée à sa mère. Papier en-tête à tampon sec du Grand Hôtel Voltaire, Faubourg Saint-Germain. Adresse de Madame Aupick à Honfleur (Calvados) de la main de l'auteur ainsi que plusieurs tampons postaux en dates des 13 et 14 juillet 1858. Quelques soulignements, biffures et corrections de l'auteur. Trace de sceau de cire avec initiales de Charles Baudelaire au crayon, probablement de la main de l'auteur. Un morceau de papier du second feuillet a été amputé, sans atteinte au texte. Cette lettre a été publiée pour la première fois dans la Revue de Paris le 15 septembre 1917. Ancienne collection Armand Godoy, n° 102. Précieux document, témoignage d'un moment décisif de la vie du poète?: la réconciliation avec la désormais veuve Aupick, cette mère sacrée «?qui hante le cœur et l'esprit de son fils?». Baudelaire, victorieux, a surmonté l'obstacle que représentait l'encombrant beau-père, dont il a même souhaité la mort?: il est prêt à reprendre sa place auprès de sa mère dont il s'est souvent senti délaissé. Après le décès de son mari en avril 1857, cette dernière invite son fils à venir vivre à ses côtés dans sa «?maison-joujou?» de Honfleur. Cette lettre nous montre un Baudelaire en proie à des sentiments complexes?: déchiré entre son aspiration à un idéal fusionnel et son inexorable attraction vers le spleen. Pour le «?bas bohème?» (comme l'appellent les Goncourt) harcelé par les créanciers, Honfleur et l'attention exclusive de sa mère, sont les promesses de l'accomplissement de sa destinée poétique. C'est en ces termes que le poète fait part de cet espoir à ses amis, notamment Antoine Jaquotot (d'ailleurs cité à la fin de la lettre que nous proposons)?: «?Je veux décidément mener cette vie de retraite que mène un de mes amis, [...] qui, par la vie commune qu'il entretient avec sa mère a trouvé un repos d'esprit suffisant pour accomplir récemment une fort belle œuvre et devenir célèbre d'un seul coup.?» (20 février 1858) «?Tu vas, dans peu de jours, recevoir le commencement de mon déménagement [...]. Ce seront d'abord des livres - tu les rangeras proprement dans la chambre que tu me destines.?» Avec ses livres, il confie à sa mère le soin de lui composer un univers de création idéal. Mais en marge de ses promesses et espoirs d'une vie enfin paisible et sereine, Baudelaire laisse transparaître son attachement à sa vie de poète maudit?: «?Tu sais cependant bien que ma destinée est mauvaise.?» Au-delà de ses «?nouveaux embarras d'argent?» c'est bien son œuvre qui le retient à la capitale?: «?Si mon premier morceau à la Revue contemporaine a été retardé, c'est uniquement parce que je l'ai voulu ; j'ai voulu revoir, relire, recommencer et corriger.?» Le «?premier morceau?» évoqué par Baudelaire n'est autre «?De l'Idéal artificiel, le Haschisch?», premier texte des Paradis artificiels à venir (1860), qui ne paraîtra que dans le numéro du 30 septembre 1858 de la revue. Ce passage de la lettre, montrant l'acharnement perfectionniste de Baudelaire, rappelle la complexité tentaculaire des brouillons et épreuves du poète qui, jusqu'au dernier instant (jusque sur les premiers exemplaires de ses Fleurs du Mal, voir notre exemplaire), n'a de cesse de le corriger méticuleusement. En dépit de ses problèmes financiers, le poète corrige et modifie sans relâche, ne pouvant alors proposer qu'un nombre d'articles très restreint. Pourtant Baudelaire croit plus que jamais à son enrichissement par l'écriture et promet : «?Cette fois-ci je m'en tirerai à moi tout seul, sans emprunter un sol.?» Baudelaire ne quittera finalement Paris pour Honfleur qu'en janvier 1859 et n'y restera pas. Au bout de quelques semaines, il s'ennuiera de l'effervescence parisienne et surtout de Jeanne Duval qui le réclame?: il quitte sa mère pour son amante et regagne sa Babylone, inexorablement attiré par le spleen. Il n'effectuera alors plus que de brefs séjours à Honfleur jusqu'à son exil pour la Belgique, mais ces parenthèses normandes, loin des tentations de la capitale, sont des plus profitables pour le poète?: «?Les séjours à Honfleur durant l'hiver et au printemps correspondent à une étonnante période de fécondité et à un état physiologique relativement satisfaisant. [...] C'est le second apogée de sa vie créatrice, le premier devant être situé entre 1842 et 1846.?» (Claude Pichois & Jean Ziegler, Baudelaire, p. 385) C'est en effet auprès de sa mère que le poète raccommode ses Fleurs du Mal?: il rééquilibre le recueil en compensant la disparition des pièces condamnées par la composition de plusieurs «?Fleurs?» nouvelles. Il offre ainsi à ses lecteurs son monumental «?Voyage?», mais aussi «?L'albatros?» ou encore «?La chevelure?». À travers cette émouvante annonce d'un retour au bercail, le poète redevient pour un temps l'enfant prodigue promettant à sa «?chère petite mère?» de mériter son affection «?Il faut des miracles et je les ferai?» et clamant sa nécessité vitale d'exister à ses yeux?: «?Seulement, admire-moi?!?» - [Paris] 13 [juillet] 1858 (mal datée « juin »), 13,3x20,6cm, 2 pages sur un feuillet remplié. [ENGLISH TRANSLATION FOLLOWS] [Paris] 13 [July] 1858 (wrongly dated ""June""), 13.3 x 20.6cm, 2 pages one folded leaf. Signed letter hand-written to his mother: ""Tu sais cependant bien que ma destinée est mauvaise,"" ""You know, however, that my destiny is bad."" Signed letter hand-written by Charles Baudelaire, written in paper pencil, addressed to his mother. Dry-stamped headed paper from the Grand Hôtel Voltaire, Faubourg Saint-Germain. Madame Aupick's address in Honfleur (Calvados) in the author's hand, as well as several postage stamps dated 13 and 14 July 1858. Some highlighting, crossing out and corrections by the author. Signs of a wax seal with Charles Baudelaire's initials in pencil, likely written by the author. A small section of paper from the second leaf has been removed, without affecting the text. This letter was published for the first time in the Revue de Paris on 15 September 1917. Former collection Armand Godoy, n° 102. Precious document, testimony of a decisive moment in the poet's life?: the reconcilliation with now widowed Aupick, this sacred mother ""qui hante le cœur et l'esprit de son fils,"" ""who haunts the heart and spirit of her son."" The victorious Baudelaire has overcome the obstacle that was his cumbersome step-father, whose death he had even wished for?: he is ready to resume his place next to his mother, from whom he often felt abandoned. After the death of her husband in April 1857, the latter invited her son to come and live with her in her ""maison-joujou,"" ""toy house"" in Honfleur. This letter shows us a Baudelaire beset by complex feelings?: torn between his aspiration to a live perfectly together and his inexorable attraction to the spleen. For the ""bas bohème,"" ""low bohemian,"" (as the Goncourt call him), harassed by creditors, Honfleur and the exclusive attention of his mother, it is the promises of fulfilling his poetic destiny. It is in these terms that the poet shares this hope with his friends, Antoine Jaquotot in particular (who is also quoted at the end of this letter that we have to offer)?: ""Je veux décidément mener cette vie de retraite que mène un de mes amis, [...] qui, par la vie commune qu'il entretient avec sa mère a trouvé un repos d'esprit suffisant pour accomplir récemment une fort belle œuvre et devenir célèbre d'un seul coup."" (20 février 1858) ""I truly want to lead this life of retirement, led by one of my friends, [...] who, by living with his mother has found sufficient peace of mind to accomplish recently a very beautiful piece of work and become famous in one fell swoop."" (20 February 1858) ""Tu vas, dans peu de jours, recevoir le commencement de mon déménagement [...]. Ce seront d'abord des livres - tu les rangeras proprement dans la chambre que tu me destines. » ""In a few days, you will receive the beginning of my move [...]. Firstly, this will be books - you will strictly put them in the room that you have assigned for me."" With these books, he entrusts his mother with the task of making him a perfect place in which to be creative. However, on the edge of his promises and hopes for a life that is finally calm and serene, Baudelaire's attachment to his life as a cursed poet betrays him?: ""Tu sais cependant bien que ma destinée est mauvaise,"" ""You know only too well that my destiny is bad."" Beyond his ""nouveaux embarras d'argent,"" ""his new money predicament,"" it is now his work that keeps him in capital?: ""Si mon premier morceau à la Revue contemporaine a été retardé, c'est uniquement parce que je l'ai voulu ; j'ai voulu revoir, relire, recommencer et corriger,"" ""If my first piece for the Revue Contemporaine was delayed, it is only because I wanted it; I wanted to review, reread, restart and correct."" The ""premier morceau,"" ""first piece,"" that Baudelaire writes of is non other than ""De l'Idéal artificiel, le Haschisch,"" the first text in the forthcoming Paradis artificiels (1860), which will appear only in the 30 September 1858 issue of the magazine. This passage in the letter, showing Baudelaire's relentless perfectionism, recalls the sprawling complexity of the poet's drafts and proofs that, until the last minute (even on the first copies of his Fleurs du Mal, see our copy), he doesn't stop correcting them meticulously. Despite his financial problems, the poet corrects and modifies tirelessly, being then able to only offer a very limited number of items. However, Baudelaire believes more than ever in his enrichment through writing and promises: ""Cette fois-ci je m'en tirerai à moi tout seul, sans emprunter un sol."" ""This time I will manage alone, without borrowing a sou."" Baudelaire will finally leave Paris for Honfleur in January 1859 and he will not stay there. Within a few weeks, he will miss the Parisian excitement and Jeanne Duval in particular who demands it?: he leaves his mother for his lover and returns to his Babylon, inexorably attracted by the spleen. Until his exile to Belgium, he will then only ever visit Honfleur briefly, but these Norman digressions, far from the temptations of the capital, are the most profitable for the poet?: ""Les séjours à Honfleur durant l'hiver et au printemps correspondent à une étonnante période de fécondité et à un état physiologique relativement satisfaisant. [...] C'est le second apogée de sa vie créatrice, le premier devant être situé entre 1842 et 1846,"" ""The winter and spring stays in Honfleur correspond to a surprising period of productivity and to a relatively satisfactory mental state. [...] It is the second peak of his creative life, the first being between 1842 and 1846."" (Claude Pichois & Jean Ziegler, Baudelaire, p. 385). It is indeed beside his mother that the poet mends his Fleurs du Mal?: he rebalances the collection by compensating for the disappearance of the condemned poems for the composition of several new ""Fleurs,"" ""Flowers"". Thus, he offers his readers, not only his monumental ""Voyage,"" but also ""L'albatros"" and even ""La chevelure."" Through this moving announcement of a return to the fold, for a time the poet becomes the prodigal son, promising his ""chère petite mère,"" ""dear mother,"" his affection, ""Il faut des miracles et je les ferai,"" ""Miracles are needed I will get them,"" and proclaiming his vital need to exist in her eyes?: ""Seulement, admire-moi?!"" ""Only admire me?!""

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Price: EUR 15000.00 = appr. US$ 16302.70 Seller: Librairie Le Feu Follet
- Book number: 62164

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