Author: VERLAINE Paul Title: Manuscrit autographe complet signé de Paul Verlaine d'une des ""Chroniques de l'hôpital"" : le lieu de misère partagée du poète et de l'ouvrier
Description: Paris s.d. [1890], 21,3x14cm, 3 pages in-8 au verso de 4 feuillets de l'Assistance publique de Paris. Manuscrit autographe complet signé de Paul Verlaine d'une des Chroniques de l'hôpital, 90 lignes serrées à l'encre noire, au verso de feuillets de l'Assistance publique de Paris. Chronique de l'une des hospitalisations de Paul Verlaine, se produisant entre septembre 1889 et février 1890. La mention «?III?» a été rayée au crayon bleu de typographe. Dans leur recueil définitif, le texte se trouve en effet en seconde position. Dans la version publiée par Le Chat noir, le 5 juillet 1890, on ne constate pas de variante avec notre manuscrit. Il s'agit donc du dernier état du texte remis à l'imprimeur. Jacques Borel situe la rédaction de cette chronique lors d'un passage à l'hôpital Cochin en juin 1890. Verlaine a passé de longs jours hospitalisés au cours de sa vie et plus particulièrement à cette époque. Durant ces séjours, il compose les Chroniques de l'Hôpital, des poèmes en prose en huit parties. Il y mêle l'anecdote, les observations de la vie des malades ainsi qu'une fine analyse poétique du milieu hospitalier. Verlaine débute par un constat troublant et désabusé?: «?Décidément, tout de même, il noircit l'Hôpital, en dépit du beau mois de juin [...] Oui, l'Hôpital se fait noir malgré philosophie, insouciance et fierté.?» Malgré le beau temps, la rigidité du système, la misère et la maladie assombrissent la vision du poète?: «?Réprimons toutes objections sous peine d'expulsions toujours dures, même en ce mois des fleurs et du foin, des jours réchauffants et des nuits clémentes, pour peu que l'on loge le diable dans sa bourse et la dette et la faim à la maison.?» La sortie, par expulsion ou pour guérison et la vie à l'extérieur n'offrent pas plus de réconfort que le séjour?: «?Évidemment nous sortirons tôt ou tard, plus ou moins guéris, plus ou moins joyeux, plus ou moins sûrs de l'avenir, à moins que plus ou moins vivants. Alors nous penserons avec mélancolie [...] à nos souffrances morales et autres, aux médecins inhumains ou bons.?» Un sentiment déjà éprouvé lors de ce qu'il appelle «?mes entractes?», temps où il n'est pas hospitalisé. Car à la sortie de l'hôpital, c'est une vie de misère qui l'attend, malgré sa reconnaissance déjà acquise. Sa misère, Verlaine la met en parallèle de celle de la classe ouvrière qui partage ses séjours dans des hôpitaux. Le poète appelle à la résignation ses «?frères, artisans de l'une et de l'autre sorte, ouvriers sans ouvrage et poètes... avec éditeurs, résignons-nous, buvons notre peu sucrée tisane ou ce coco, avalons bravement qui son médicament, qui son lavement, qui sa chique?! Suivons bien les prescriptions, obéissons aux injonctions, que douces nous semblent les injections et suaves les déjections, et réprimons toutes objections?». Avec eux, le poète souhaite profiter de la beauté du mois de juin en reprenant deux vers de la Chanson sentimentale de Xavier Privas?: «?Nous nous plairions au grand soleil. Et sous les rameaux verts des chênes, nous, les poètes, aussi bien qu'eux, les ouvriers, nos compagnons de misère.?» Égaux devant le malheur, qu'ils soient actifs ou oisifs, pourraient-ils ressentir de la nostalgie une fois dehors?: «?Et peut-être un jour regretterons-nous ce bon temps où vous travailleurs, vous vous reposiez, où nous, les poètes, nous travaillions, où toi l'artiste, tu gagnais ton banyuls et tes tods ??» Malgré cette rêverie, Verlaine est «?las de tant de pauvreté (provisoirement, croyez-le, car si habitué, moi, depuis cinq ans?!)?» et il conclut, amer par le constat d'une médecine moderne sans humanité?: «?l'Hôpital avec un grand H, l'idée atroce, évocatrice d'une indicible infortune, de l'Hôpital moderne pour le poète moderne, qui ne peut, à ses heures de découragement, que le trouver noir comme la mort et comme la tombe et comme la croix tombale et comme l'absence de charité, votre Hôpital moderne tout civilisé que vous l'ayez fait, hommes de ce siècle d'argent, de boue et de crachats?!?» - Paris s.d. [1890], 21,3x14cm, 3 pages in-8 au verso de 4 feuillets de l'Assistance publique de Paris. [ENGLISH TRANSLATION FOLLOWS] VERLAINE Paul Complete autograph manuscript signed by Paul Verlaine of one of his Hospital Chronicles: ""We poets, as well as they, the workers, our companions in misery"" Paris n. d. [1890], 213 x 140 mm (8 3/8 x 5 1/2 ""), 3 pages in-8 at the back of 4 leaves of the Assistance publique de Paris Complete autograph manuscript signed by Paul Verlaine of one of his Hospital Chronicles, 90 close lines in black ink on the verso of paper from the Assistance publique de Paris. The chronicle of one of Verlaine's stays in hospital between September 1889 and February 1890. The note ""III"" has been crossed out in blue printer's pencil. In the definitive collection, this text is, in fact, second. In the version published by Le Chat noir on 5 July 1890, there appear to be no variations with the text of this manuscript. This is thus the final state of the text, the one sent to the printer. Jacques Borel dates the writing of this chronicle to a hospital stay in Cochin in June 1890. Verlaine spent many days in hospital during his life, especially in this period. During these stays, he wrote Hospital Chronicles, prose poems in eight parts. Here, he mixed anecdotes, observations of the lives of the patients, and a delicate poetical analysis of the world of the hospital. Verlaine starts off with a troubling and tired observation: ""But certainly, all the same, the Hospital darkens, despite the fine June weather...Yes, the Hospital is dark despite philosophy, insouciance, and pride."" Despite the fine weather, the inflexibility of the system, the misery and the sickness give the poet a gloomy take on things: ""let us punish all objections under pain of expulsion, still severe, even in this month of flowers and hay, of warming days and clement nights, if you have the devil at your back and debt and hunger at home."" Discharge, whether by way of being thrown out or getting cured, and life outside did not offer more comfort than the stay itself: ""Clearly, we'll all get out sooner or later, more or less well, more or less happy, more or less sure of the future, at any rate more or less alive. So we will think sadly...of our suffering, emotional and otherwise, of the doctors, good or inhuman"". This was a feeling he had already experienced during what he called ""my intervals"", the times when he was out of hospital. Life outside hospital was a miserable prospect, despite his established fame. Verlaine compares his misery to that of the working classes who share his stays in various hospitals. The poet calls for resignation from his ""brothers, artisans of one sort or another, workers without a life's-work and poets...and publishers too, let us accept our fate, let us drink up the cup of tea with (barely any sugar), or this little hot chocolate, and let us be brave whether it be with our medicine, or an enema, or chewing tobacco. Let us follow their prescriptions closely, let us obey all injunctions, so that injections and colonics will seem sweet to us, and let us reprimand all objections..."". And along with them, the poet wanted to take advantage of the beauties of June in quoting two verses from the Chanson sentimentale of Xavier Privas: ""We are pleased with ourselves in the strong sun. And under the green branches of the oaks, we poets, as well as they, the workers, our companions in misery..."". Equal in the face of misfortune, whether active or passive, they might feel nostalgia once they were out: ""And perhaps some day we will miss these good times where you workers, you could rest and where we, we poets, worked, and where you artists earned your wine and your cups ...?"" Despite this reverie, Verlaine was: ""tired of so much poverty (provisionally, believe me, because I have been so used to it these last five years!)"" and concludes bitterly with the observation of the lack of humanity in modern medicine: ""Hospital with a capital H, an awful idea, evocative of an indecipherable misfortune, a modern Hospital for the modern poet, who cannot, in his hours of dejection, but find it black as death and dark as the tomb and the cross on a grave and as the absence of charity, your modern Hospital you built, all civilized, the men of this century of money, mire and spit!"".
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Price: EUR 14000.00 = appr. US$ 15215.86 Seller: Librairie Le Feu Follet
- Book number: 60481
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