Author: (WARHOL Andy) TRIVIER Marc Title: Portrait d'Andy Warhol. Photographie Originale tirée par l'artiste.
Description: Par l'auteur, s.l. 1981-1982, 22x22cm sur papier Ilford 30x40cm, une planche photographique. Grand portrait photographique original en noir et blanc réalisé par Marc Trivier. Tirage argentique original non signé, comme la plupart des œuvres de Trivier. Précieuse épreuve argentique originale du célèbre photographe belge, un des artistes contemporains les plus secrets, qui malgré un succès international précoce, a préféré limiter sa production pour conserver la cohérence de son œuvre. Marc Trivier ne tire pas de nouveaux exemplaires de ses anciens portraits, le papier de tirage qu'il utilisait n'est d'ailleurs plus commercialisé. L'artiste « réalise lui-même ses tirages sur papier baryté Ilford, consacrant plusieurs jours de travail à chacun, avec une concentration particulière pour rendre les blancs, par contraste avec des noirs d'une rare densité. Un tirage de Marc Trivier ne ressemble à aucun autre. Lorsqu'il accepte de les exposer, il les suspend dans des cadres en inox de sa fabrication, laissant libre cours à la vie du papier. » (Xavier-Gilles, « Marc Trivier et la tragédie de la lumière » in Le Monde Libertaire, 2011). Cette « vie du papier » participe de l'œuvre au même titre que les diverses altérations que subissent les photographies lorsqu'elles sont exposées : « Dans les boites, les tirages gondolent, mais qu'importe : le photographe affectionne ce genre d'accident. » (Claire Guillot, « Les face à face sans échappatoire du photographe Marc Trivier », Le Monde, 2011). Marc Trivier a une sensibilité particulière pour l'aspect matériel de ses productions. Alors que la photographie relève par essence du multiple, cette intervention de l'artiste dans tout le processus de création confère une aura autographique à ces tirages. Photographies d'artistes, de fous, d'arbres ou d'abattoirs, Marc Trivier aborde tous ces sujets avec un regard aussi précis qu'intense. « Dans sa cosmogonie, chaque chose, chaque être, végétal, animal ou humain, mérite le même respect. Car tous sont confrontés à la même loi d'airain : la solitude. » (Luc Desbenoit). La beauté qui émane de ses photos vient de cette nudité. Il n'y a ni retouches, ni recadrages. On retrouve dans son œuvre le même format carré souligné par le carré du négatif que Trivier laisse sur ses tirages. Ce cadre piège notre regard dans des photographies où le fard de la couleur est rejeté pour un noir et blanc incisif. Toute artificialité ayant disparu nous ne faisons pas face à la mise en scène d'un sujet mais à une présence exacerbée par la lumière irradiante et singulière, témoin d'un instant de vie et non de pose. C'est cette lumière, liée au médium photographique, qui unit les séries de Marc Trivier : « Les photographies de Marc Trivier écrivent une tragédie de la lumière, celle-ci n'accueillant les êtres - hommes, arbres ou bêtes - qu'en les brûlant, avant disparition. » (Xavier-Gilles in Le Monde Libertaire). C'est aussi elle, délivrée de tous les artifices, qui donne à ses œuvres l'aura qui les rend si présentes. Cette « brûlure » de la lumière nous renvoie à un instant réel, au « ça a été » de Barthes (La Chambre Claire, 1980) : « De trente-cinq ans de pratique photographique, d'obsessions, c'est peut-être ça qui reste : un mode d'enregistrement singulier de la brûlure de la lumière, décliné d'une image à l'autre, en une succession de propositions qui se ressemblent et pourtant chacune est aussi singulière que la fraction de temps auquel elle renvoie. » (Marc Trivier). « La photographie ne dit qu'une chose : « C'était. » On ne fixe que ce qui a été. S'il y a une tragédie, elle est là. » (Marc Trivier) Warhol, Foucault, Beckett, Dubuffet ... les plus grands écrivains et artistes ont posés pour Trivier. Simultanément l'artiste s'intéressent également aux marges de la société, à ce que les hommes ne veulent pas voir. Il photographie alors les aliénés et les abattoirs qu'il place en regard des célébrités. Dès la fin des années 1980 son œuvre est unanimement reconnue et il reçoit le prestigieux Young Photographer Award de L'international Center of Photography en 1988 ainsi que le Prix Photographie Ouverte (Charleroi). Après le Palais de Tokyo à Paris, le musée de l'Elysée à Lausanne et le Casino à Luxembourg, la Maison Européenne de la photographie à Paris lui consacre une importante rétrospective en 2011. Les photographie des grandes personnalités de son époque que Marc Trivier réalise ne cherchent pas à montrer l'image publique de ces artistes. Prises de face, avec un regard dirigé vers l'objectif, elles nous montrent une image d'intimité : « (...) au lieu d'être un portraitiste d'écrivains et d'artistes parmi tant d'autres, il se marginalise par son dispositif : sous prétexte de réglages, il fait attendre ses modèles, il les fait poser plusieurs minutes ce qui leur donne un air las. Il attend peut-être un comportement plus naturel. Et on se retrouve face à Francis Bacon en équilibre précaire, Samuel Beckett, Jean Dubuffet ou encore Michel Foucault plus ou moins tassés sur leur chaise. Des images intimes. » (Sylvie Rousselle-Tellier, « Une image de fatigue chez Marc Trivier », Marges 2004). Photographiés dans leur univers personnel, la plupart du temps leur chambre, les sujets s'abandonnent, ne maitrisent plus leur image. Le déséquilibre qui en résulte révèle les fragilités de ces personnalités si fortes, et permet à Trivier de restituer l'unité du corps intime et de l'œuvre publique. « Je lisais Genet ; pour moi Genet, c'était des lettres sur un livre. Et puis un jour j'ai vu son portrait, il y a eu comme une fracture. Comment était-il possible que ces signes soient aussi quelqu'un ? Faire un portrait, c'est ressouder le nom et le visage. » (Marc Trivier). Plus qu'un portrait, chaque photo est le témoignage d'un échange entre le sujet et l'artiste, d'un instant de vie réelle. La présence du photographe est sensible dans chacun des portraits que réalise Trivier : « Ce qui m'intéressait, ce n'était pas de photographier simplement un corps ou un visage, mais cette situation particulière qui est quelqu'un en train de faire la photo de quelqu'un d'autre. » (Marc Trivier). Bien des choses semblent opposer Warhol et Trivier. Andy Warhol est l'artiste du multiple, dont l'art nait de la métamorphose de l'artificiel consumériste et se joue de la prolifération de l'identique. Marc Trivier, lui, est un adepte de la rareté, chacune de ses photographies est réduite à quelques rares tirages tous différents par le temps et les variations du développement réalisé par l'artiste. Andy Warhol connait l'importance de l'image qui finit même par remplacer la personne elle-même. Il sait que les hommes jouent des rôles et c'est ce jeu qu'il capture. Ses séries diverses sur Elvis Presley, Marylin Monroe, ou encore Mao, montrent ce passage au statut d'icône qui rend ces êtres humains immortels et qui détruit aussi par là leur humanité pour en faire des images. Les photographies de Trivier accentuent à l'inverse la présence d'un corps pesant et faible dont l'artiste ne peut se débarrasser et qui fait obstacle à sa sacralisation. Fidèles à l'esprit de Warhol, les clichés photographiques que l'on connait de lui le présentent tantôt en star du rock, arborant son perfecto et ses lunettes de soleil à la manière de son protégé Lou Reed, tantôt en artiste excentrique, cheveux ébouriffés, ou simulant un match de boxe contre Basquiat. Chacune de ses photographies est ainsi une savante mise en scène de son personnage, maitrisée à l'excès, image de son image, que le maître de l'icône moderne contrôle entièrement. La photographie de Warhol par Marc Trivier présente une toute autre personne. Déséquilibré par une très légère contre-plongée, et projeté sur une toile noire placée derrière lui et qui découpe la scène en triptyque, le corps d'Andy Warhol semble s'extraire de ce fond obscur, tandis que ses jambes et ses lourdes bottes, légèrement surdimensionnées par la prise de vue, trônent inutiles au premier plan. Surpris par la longue attente que Trivier impose à ses modèles, Andy Warhol fixe le spectateur avec étonnement, comme pris en flagrant délit de désœuvrement, impression accentuée par les doigts croisées de l'artiste. Portrait unique d'un artiste qui voulait « être du plastique » et qui, sous l'œil de Trivier, révèle sa part d'intimité et la fragile humanité d'un corps sans artifice. - Par l'auteur, s.l. 1981-1982, 22x22cm sur papier Ilford 30x40cm, une planche photographique. [ENGLISH TRANSLATION FOLLOWS] Portrait of Andy Warhol. Original photograph printed by the artist Marc Trivier | 1981-1982, 22 x 22 cm | on Ilford paper 30 x 40 cm Large original photograph portrait in black and white, made and printed by Marc Trivier. Unsigned silver print, as most of Trivier's works. Unique print from the artist. Small stain on the upper margin. Artists, madmen, abattoirs, trees - Marc Trivier photographed each of his subjects with the same interrogative intensity. All his photographs are in the same square format, simple and confined, with no retouching or alteration of the framing, and seem less to show off a subject - famous or unknown, in or out of power, dead or alive - than to seek out a presence. ""Thirty-five years of photographic practice, obsessions, this is maybe what remains; a singular recording mode of light burning, from one picture to the other, in a series of proposals looking alike, though each one as singular as the fraction of time it refers to"" (Marc Trivier). Marc Trivier takes facial photographs of figures from the eighties. The subject looks right into the lens. These are not portrait star photographs, but they are the result of a will of desacralisation: ""Instead of being a writer's or artists' portraitist among many others, he marginalises himself with his device: under the pretext of settings, he keeps his models waiting, he makes them pose several minutes, which gives them a worn look. Maybe he expects a more natural attitude. Here is Francis Bacon in a delicate balance, Samuel Beckett, Jean Dubuffet or even Michel Foucault, more or less sagged back in their chairs. Intimate pictures."" (""Picture of tiredness at Marc Trivier's"", S. Rousselle-Tellier, in Marges, 2004). Most of the time photographed in their personal space, the subjects loosen up, no longer mastering their image. The resulting unbalance reveals these figures' frailties and allows Trivier to render the unity of the intimate body and the public artworks. ""I was reading Genet; to me, Genet was letters in a book. And then one day I saw his portrait, and there was like a rupture. How could it be possible that these signs were also somebody? Making a portrait is reuniting the name and the face"" (Marc Trivier). Many items seem to oppose Warhol and Trivier. Andy Warhol is the artist of the multiple. His art was born from the metamorphosis of the consumerist artificial and mocks the proliferation of the identical. Marc Trivier is an adept of rarity, and each one of his photographs comes down to some rare prints, all differing in time and the artist's prints. Andy Warhol knows the importance of image, which even ends up replacing the individual. He knows people play roles and this is the image he captures. His various series on Elvis Presley, Marilyn Monroe or Mao show the transition to the icon status which makes these human beings immortal, and destroys their humanity to change them into pieces of art. On the other hand, Trivier's photographs strengthen the presence of an unwieldy body the artist cannot get rid of, an obstacle to sacralisation. Warhol's known photographic clichés, faithful to his spirit, represent him either as a rock star, proudly wearing his perfecto and sunglasses as his protégé Lou Reed, or as an eccentric artist with his tousled hair, or simulating a boxing match against Basquiat. Each one of his photographs is a clever exposure of his character, pushed to excess, image of his own image, which the modern icon master fully controls. Warhol's photography made by Marc Trivier shows a complete different person. Unbalanced by a slight low-angle view, projected on a black canvas behind him, cutting out the scene in a triptych, Andy Warhol's body seems to emerge from this dark background, whereas his legs and heavy boots, slightly oversized by the shooting, take pride of place in the foreground. Surprised by the lengthy wait Trivier imposes to his models, Andy Warhol surprisingly stares at the viewer, as if he were caught in the act of idleness. This feeling is enhanced by the artist's crossed fingers. Unique portrait of an artist who wanted ""to be plastic"" and who reveals through Trivier's eye his part of intimacy and fragile humanity of a body without artifice.
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Price: EUR 4000.00 = appr. US$ 4347.39 Seller: Librairie Le Feu Follet
- Book number: 35392
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